QUEL DIALOGUE OUATTARA – CNRD ?

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 26 mars 2012 23 h 49 min

Ces temps–ci, sous la pression de la France et de l’Union Européenne, le gouvernement Ouattara consent enfin à renouer le dialogue avec le FPI. Quelle est la portée de cette énième distraction quand on sait que depuis belle lurette, le FPI a déposé ses propositions pour un dialogue franc avec le pouvoir Ouattara ?

Il s’agissait de:

–          la libération de tous les prisonniers politiques avec en tête le Président Gbagbo ;

–          la libération des militaires injustement jetés en prison ;

–          le retour des exilés dans des conditions sécuritaires garanties par le pouvoir Ouattara ;

–          le désarmement et l’encasernement des dozos et autres milices hétéroclites ;

–          le dégel des avoirs des pro-Gbagbo ;

–          la recomposition de la CEI ;

–          la reprise du découpage électoral ;

–          Etc.

Depuis, la situation sociopolitique a évolué négativement. En effet, beaucoup de cadres pro-Gbagbo et bien d’anonymes sont morts, faute de ne pouvoir disposer de leurs ressources gelées par le pouvoir cynique de Ouattara ou victimes des tueries des FRCI. De plus, les exactions et les tueries continuent jusque dans les hameaux les plus reculés surtout qu’elles sont encouragées par les déclarations venimeuses et terrorisantes des responsables du RDR : « tous ceux qui s’attaquent à Ouattara seront au cimetière ». En même temps que Ouattara demande l’encasernement de ses rebelles, dozos et autres supplétifs, son Chef d’Etat major s’y oppose en déclarant péremptoirement : « les FRCI ne bougeront pas ».

De surcroît, Ouattara, par sa politique du « rattrapage », un concept plus dangereux que l’ivoirité prônée par Bédié, son allié d’aujourd’hui, concept qu’il a tant décrié, ne cesse de semer la désolation parmi les populations :

–           licenciements, par milliers, de travailleurs pro-Gbagbo, des pères de familles, jetés comme des malpropres à la rue, seulement pour avoir soutenu Gbagbo et dans le même temps, recrutement des milliers de ressortissants du Nord et de la sous-région sahélienne. Quand on sait qu’en Afrique un cadre est l’espoir de tout un village, on mesure les souffrances de ces nombreux foyers ;

–           enlèvements, arrestations et emprisonnements arbitraires qui continuent ;

–           environnement sécuritaire en implosion permanente ;

–           silence et complicité des soldats de la LICORNE et de l’ONUCI devant les exactions des milices et dozos de Ouattara ;

 

Dans de telles conditions, le dialogue Ouattara et Opposition peut-il porter de bons fruits ?

Il faut donc avant tout, s’assigner l’objectif d’obtenir un environnement militaro-politique apaisé qui puisse permettre une libre expression et l’exercice d’une démocratie vraie comme l’a montré le Président Gbagbo pendant son mandat jalonné des violences du RDR et de sa branche armée rebelle.

Dans ce dialogue, qu’il faut souhaiter franc et dénué de toute hypocrisie, la satisfaction des propositions ci-dessus émises par le FPI-CNRD doit constituer un préalable. En plus de ces propositions, le FPI-CNRD se doit d’obtenir :

–          la reprise des élections législatives qui ont enregistré ce taux de participation record de 15% , résultat du désert électoral voulu par les ivoiriens attestant de l’échec de Ouattara à la dernière présidentielle.  Ouattara n’a ainsi à l’hémicycle que ses partisans et dispose alors de tous les pouvoirs ; les faits actuels attestent que la justice est aux ordres des « vainqueurs » de la guerre électorale de Sarkozy contre le Président GBAGBO ;

–           la participation ouverte, pleine et entière à ce dialogue, de la France et du Burkina Faso, sources et auteurs de tous les maux des ivoiriens, car ils sont totalement parties prenantes à cette crise ivoirienne et instigateurs de ce coup d’état de depuis 2002 ; c’est avec eux qu’il faut discuter et non avec seulement leurs délégués ;

–          le respect scrupuleux de la constitution ivoirienne autour de laquelle tous les fils et filles de ce pays doivent se retrouver pour une véritable réconciliation car, à ce jour, Ouattara ne respecte aucunement cette loi fondamentale. De plus, il continue, malgré l’unification du pays depuis le coup de force de la France du 11 Avril 2011, à faire usage de l’article 48 qui ne doit être utilisé que dans des situations exceptionnelles telles la guerre et les catastrophes naturelles.

 

Le dialogue qu’a toujours prôné Gbagbo par son noble slogan « asseyons-nous et discutons » ne peut réussir que dans le respect des conditions sus mentionnées. Il ne s’agit donc pas pour les responsables politiques du FPI et CNRD de négocier une entrée dans un quelconque gouvernement comme le souhaite la France pour ses propres intérêts.

Il faut plutôt préparer dès maintenant l’alternance en prônant une démocratie vraie, dans un pays où force est à la loi, où le Président défend les intérêts de tous les citoyens et non de ses partisans, où la compétition politique exclut le recours à la violence et aux armes.

 

Si par extraordinaire, le FPI décidait d’entrer dans le gouvernement de ce dictateur, c’en serait fini pour ce parti initiateur de la lutte pour la démocratie en Côte d’Ivoire. Ce parti aurait vendu son âme au diable et ainsi banalisé la mort des milliers d’ivoiriens, depuis que la France a introduit l’homme venu de loin dans la politique ivoirienne. Ce serait encore banaliser la mort des pro-Gbagbo et donner un blanc seing au couple Ouattara-Sarkozy de continuer de tuer davantage les ivoiriens. Le FPI aurait simplement trompé tout le peuple ivoirien qui a cru en ses idéaux de liberté et de démocratie depuis le début des années 90. Le parti créé par Laurent GBAGBO doit faire très attention dans cet autre épisode du dialogue forcé par la France.

Le FPI doit rappeler à Ouattara les largesses du Président GBAGBO à son égard notamment la liberté dont il a bénéficié de la part de celui qu’il a aujourd’hui déporté à la CPI.

Par ailleurs, le parti de Laurent GBAGBO doit se rappeler que Ouattara n’étant pas démocrate, il ne peut accepter les propositions visant à démocratiser la vie politique en Côte d’Ivoire. De surcroît, ce n’est pas l’objectif réel de ces parrains occidentaux qui suscitent une illusion de dialogue et de démocratie pour faire du dilatoire et présenter aux yeux d’une certaine opinion ivoirienne et surtout internationale un semblant de main tendue de Ouattara au FPI-CNRD.

Dans ces conditions, ce dialogue est un échec programmé qui amènera très bientôt Ouattara à coopter certains tocards de l’opposition qui piaffent d’impatience et qui désirent bénéficier du titre de ministre pour des intérêts mesquins, égoïstes et stomacaux. Car, en effet, est-il nécessaire à un parti qui dit avoir gagné les élections de forcément gouverner avec des opposants ? C’est la France qui, pour tuer toute opposition au règne de ses filleuls en Afrique, prône toujours la formation de gouvernements d’union nationale pour les pays du continent noir ; ce qu’elle n’applique pas chez elle.

 

Le refus éventuel du FPI-CNRD de participer à cette supercherie conduirait Ouattara et ses parrains à museler davantage l’opposition significative. Il faut donc que cette opposition soit de plus en plus soudée pour faire front aux menaces terrorisantes du SG du parti de Ouattara.

ivoiriens de l'étranger [1]

A l’analyse, ce dialogue imposé au forceps sera un dialogue de sourd tant le pouvoir Ouattara se sachant minoritaire et illégitime n’acceptera quasiment pas de prêter une oreille attentive aux propositions du FPI-CNRD.

Plus grave, pour tourner en dérision l’opposition, il acceptera du bout des lèvres quelques propositions mais ne tâchera aucunement de les appliquer pour obéir à ses mandants internationaux qui verraient leurs intérêts menacés en cas d’avancées dans ces discussions.

Puisse Dieu contredire ces propos pour installer en Côte d’Ivoire une démocratie vraie, si non, comme on l’aperçoit, ce dialogue annoncé à grand cri est bien parti pour accoucher d’une toute chétive souris car il contient en lui les germes indiscutables d’un échec programmé.

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Endnotes:
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