Printemps des Poètes des Afriques et d’ Ailleurs rend hommage à l’ écrivain Bernard Dadié

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 11 mars 2014 0 h 51 min

Pour la 11e année consécutive, le puissant air printanier sera de nouveau fortement coloré par l’essence salvatrice  « des nouveaux chevaliers de la poésie du monde noir » (comme nous appelait notre parrain inaugural, le poète, nationaliste et homme politique malgache Jacques Rabémananjara), les poètes de la néo-négritude dont en théoricien scrupuleux  j’ ai modelé les chauds vibrants jets poétiques néo-nègres pour les graver, à tout jamais, en idéogrammes d’ or des Afriques dansle premier manifeste littéraire du monde noir parisien du XXIe siècle, à travers mon Anthologie des poèmes d’ amour des Afriques et d’ Ailleurs ; laquelle marquait notre dixième anniversaire, notre acte officiel de naissance, que nul ne pourra jamais changer ! Diffusée à travers les cinq continents, nous savons, d’ ores et déjà qu’avec le corps principal et historique de  cet ouvrage  nous avons laissé une trace tel le petit poucet pour les générations passées, présentes et surtout futures. Je n’oublierai jamais  le merci tam-tamé de Bernard Dadié , -qui du haut de ses 97 ans,-  me fit au téléphone, depuis sa retraite abidjanaise de Cocody , un merci rythmique, répétitif et amplifié en 5 temps pour me féliciter de mon précieux travail où il est en bonne et juste place aux côtés de ses frères de plumes et de sang de la Négritude. Parmi les poètes de la Néo-négritude bon nombre apporte une sève de qualité première et déjà affirmée, d’autres accompagnent le mouvement avec souvent des trouvailles néo-nègres d’une originalité certaine, et doivent par conséquent poursuivre gaillardement leur travail d’écriture pour s’affirmer en tant que poète. Si l’opportunité se présente, je suis, d’ ailleurs, totalement prêt à consacrer quelque temps pour éditer les meilleurs dans une collection à créer chez un éditeur ouvert, et dynamique quant à la diffusion.

Mes contraintes professionnelles, de ces derniers temps, ne m’ont guère permis d’ impulser cette année un souffle pour faire en sorte que nous demeurions la semaine poétique du monde noir la plus longue du monde. Néanmoins, nous allons substituer à la longueur, faite de temps forts et de temps faibles (comme dans tout festival), l’intensité extrême en trois jours de partage heureux autant beau que distrayant, enivrant et instructif.

Nous savons que nous avons une mission-protection redoutable des Ancêtres, notamment de ceux dont nous fêtions le centenaire lors de l’édition précédente à savoir :Rabémananjara, Césaire et Dox, et nous ne pouvons en aucun cas être partisan de la facilité et de l’absurde légèreté.

L’édition sera placée sous le haut parrainage du poète-historien de la négritude Martial Sinda (premier poète de l’Afrique  Equatoriale française en 1955, Grand Prix littéraire en 1956, et professeur honoraire à la Sorbonne –Nouvelle, chevalier de l’Ordre des Palmes académiques, et premier Docteur honoris causa de l’université Simon Kimbangu de RDC). Un hommage sera rendu au poète, romancier, nouvelliste, dramaturge et essayiste Bernard Dadié. Né en 1916, cet auteur de la négritude plus connu pour ses romans-patrimoines – Climbié(1956), Un nègre à Paris (1959)-, est aussi un grand  poète révolté de la négritude , lequel en dépit de son âge appartient à la génération des années 50 du dit mouvement, commençant en francophonie avec René Maran et s’achèvant avec les indépendances africaines et malgache et le retour des écrivains noirs parisiens sur leur terre natale  – , non arable négritudiennement parlant,-  de l’Afrique de la Caraïbe et de l’Océan indien ; mais où les leçons théoriques et pratiques de la  négritude parisienne ne sont jamais vaines, puisqu’ elles se transforment en panafricanisme d’une Afrique qui n’en finit pas de commencer à  s’éveiller si l’on déchiffre les messages même ceux des dirigeants politiques les moins engagés du nord au sud, d’est en ouest. Ah Afrique miracle !!!

On ne peut rendre hommage à Bernard Dadié sans rendrehommage au petit prince de l’édition poétique française, j’ai nommé Pierre Seghers, qui après avoir publié dès 1939 la revue Poètes casqués pour lutter contre l’Allemagne nazie, ouvrit, dès les années 50, à l’époque coloniale, ses grandes ,lourdes et prestigieuses portes littéraires à 5 poètes de la négritude : Léopold Sédar Senghor, Bernard Dadié, Keïta Fodéba, Jacques Rabémananjara, et Martial Sinda, les faisant ainsi entrer dans la poésie française aux côtés de Paul Eluard, Louis Aragon, Jean Cocteau, Pablo Néruda , Blaise Cendrars, Pierre Emmanuelle et d’autres poètes français non moins prestigieux. Ces indigènes, sujets français, comme on les nommait à l’époque, vont ainsi entrer de plain-pied et de manière spectaculaire dans les lettres françaises dans la meilleure des écuries poétiques.La ligne éditoriale de Pierre Seghers valait tous les discours de liberté et d’égalité à une époque où l’Homme noir et sa culture était encore dévalorisé. Mais écoutons le poète Dadié : « Nous vivrons parce que toujours sur la brèche, / Nous nous battrons pour la Paix, / Nous nous battrons pour la Liberté. / Nous saisirons les bellicistes au collet/ Et sur leurs méfaits ferons le jour, un jour cru. […] Ciel d’Afrique !/ Que ton soleil grille les ailes aux vautours affamés, / Brûle leur pelage aux hyènes puantes et gourmandes, / Car entends-tu , ciel d’Afrique,/ Ciel bleu et pur/ Ciel de Paix, » ( « Nous saisirons les bellicistes aux collet » inAfrique debout, Seghers, 1950) ;  Ou encore ces  célèbres vers : «  Je vous remercie mon Dieu, de m’avoir créé Noir, / d’avoir fait de moi/ la somme de toutes les douleurs, /mis sur ma tête le monde./ […] Je vous remercie mon Dieu, de m’ avoir créé Noir, / Je porte le Monde depuis l’aube des temps/ Et mon rire sur le Monde, / dans la nuit / crée le jour » (« Je vous remercie mon Dieu » in La ronde des jours, Seghers, 1956).

Nous commémorons  le centenaire du début de la première guerre mondiale en braquant notre objectif sur la figure du tirailleur colonial, et plus particulièrement à travers sa représentation par les auteurs révoltés de la négritude, lesquels ont vécu pleinement le remake lors de la Seconde guerre mondiale dont nous commémorons également le 70eanniversaire du débarquement américain spectaculaire sur les côtes de Normandie, où les Nègres de France africains, malgaches et créoles allaient rencontrer leurs frères Nègres des Etats-Unis comme le chante si bellement le maître en poésie Sédar Senghor dans son fameux recueil Hosties noires (1948) totalement dédié à la mémoires  des tirailleurs noirs morts pour que vivent  la République  Françaises des droits de l’Homme.

Et je cris à tue-tête des mots-manifestes, magiques de grandeur et d’humanité : l’abbé Pierre (hiver 54), André Aliker (le fondateur du journal Justice en 1934, il y a 80 ans),Rudolphe Douala Manga-Bell(pendu par la puissance coloniale allemande le 8 août 1914 pour cause de lutte contre l’ expropriation des terres ancestrales), et tous ceux qui nous ont récemment quittéNelson Mandela (Nation Arc-en-ciel sud africaine), Pierre Aliker(compagnon de lutte de Césaire, mort à 105 ans avec toute sa tête),  James Emmanuel (l’inventeur noir américain du « Haïku jazz blues », décédé à Paris  à l’âge de 92 ans),  Paulin Joachim(auteur de la négritude qui publia le  fameux recueil Un nègre raconte en 1954), Jean Métellus(poète haïtien ayant honoré notre festival de sa présence et lauréat du Grand prix de la Francophonie de l’Académie française ), Studuart Hall (l’éminent sociologue jamaïcain initiateur des cultural studies),Antoinette Fouque (co-fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes) et permettez moi de citer aussi notre compagnon de la Néo-négritude arraché à la vie prématurément Léopold Kongo Mbemba, et malheur à ceux qui déshonorent  leurs morts,  yé  cri ,yé cra, yé misticri, yé misticra !!!

ivoiriens de l'étranger [1]

Nous saluons aussi l’entrée à l’Académie française de l’écrivain haïtien Dany Laferrière et celle du sculpteur sénégalais Ousmane Sow à l’Académie des beaux arts : yé cri, yé cra, yé misticri, yé misticra, est-ce que la cour dort, non la cour ne dort pas…….

Rendez-vous poétique dans le Grand Paris : à Belleville, à Cachan et à Fresnes pour illuminer ces quartiers du futur de nos chants et réflexions  néo-nègres éternels des Afriques et d’Ailleurs après, bien évidemment, avoir rempli notre noble devoir citoyen en ce temps d’élections municipales !

Thierry Sinda,

Le Président

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Endnotes:
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