Les difficultés des mariages entre catholiques et croyants d’autres religions

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 26 janvier 2018 22 h 19 min

L’Église catholique autorise le mariage religieux d’un catholique avec un conjoint non catholique ou non chrétien. C’est le mariage par dispense de disparité de culte.

À Abidjan, deux femmes catholiques racontent à La Croix Africa certaines des difficultés qu’elles rencontrent au sein de leurs couples mixtes.

L’Église catholique, à travers le canon 1 086 du code de droit canonique, conseille aux catholiques de se marier entre eux. Sous certaines conditions cependant, elle leur permet de se marier religieusement avec des personnes qui ne confessent pas la foi catholique, ou qui ne reconnaissent pas la divinité du Christ.

Ces unions requièrent l’engagement du fidèle à tout mettre en œuvre pour garder sa foi et s’efforcer d’éduquer dans la foi catholique les enfants qui naîtront de cette union. Il s’engage aussi au respect des convictions religieuses de son conjoint (canon 1 125).

Selon le père Hervé Louis Yodé, professeur de droit canonique et recteur du séminaire propédeutique de M’Pouto, dans la commune de Cocody à Abidjan, « si le mariage par dispense de disparité de culte est célébré dans le respect des procédures prévues par le droit canonique, il est un sacrement valide et licite pour le conjoint catholique ». « À travers ce mariage, poursuit-il, l’Église espère que le témoignage de vie du fidèle catholique influencera son conjoint, en l’emmenant à embrasser librement la foi catholique. »

Table des matières

Dans la pratique

La procédure pour la validité du sacrement implique le conjoint non catholique. Dans une déclaration qu’il signe ou sur la base de la parole donnée, ce dernier affirme avoir pris connaissance de la déclaration d’intention de son conjoint, qu’il l’approuve et qu’il s’efforcera d’en respecter les dispositions en toute honnêteté.

Dans la pratique, ces unions mixtes rencontrent souvent des difficultés.

Anne et Mohamed, une catholique et un musulman, en ont fait l’expérience après leur mariage religieux catholique. Le couple a deux enfants que Mohamed refuse de voir à l’église. À leur naissance, ces enfants ont été initiés à la foi musulmane. Anne qui s’était formellement engagée à éduquer leurs enfants dans la foi catholique, se sent trahie. Le sujet est source de tension dans le couple.

Un imam ivoirien interrogé par La Croix Africa sur les dispositions de l’islam concernant les mariages mixtes explique : « L’islam autorise le mariage avec les femmes vertueuses, parmi les gens qui ont reçu le Livre avant nous – juifs et chrétiens (sourate 5 verset 5). Mais l’homme reste le chef de famille. À ce titre, c’est à l’époux qu’il revient de conduire le foyer et l’éducation religieuse des enfants selon les préceptes de la religion musulmane. »

Pour Mariette, une catholique mariée à un protestant évangélique, les problèmes liés aux croyances sont omniprésents. Depuis qu’il a quitté l’Église catholique, son époux ne tolère plus la présence d’un espace de prière dans le foyer, encore moins les chants à la Vierge Marie. « Je suis littéralement traitée d’idolâtre, et que j’irai en enfer parce que j’adorerais les idoles », raconte cette catholique.

Séparation

Valide et licite, le mariage par dispense de disparité de culte revêt également le sceau de l’indissolubilité. « C’est pour cette raison que les conjoints catholiques doivent prendre entièrement conscience des conséquences de leurs engagements », prévient le professeur de droit canonique.

Selon lui, les difficultés relevées par Anne et Mariette ne peuvent pas conduire à la rupture des liens de mariage. Dans ces cas de figure, le fidèle catholique est appelé à la tolérance et à l’espérance d’un changement, dans la prière. « Il ne faut pas désespérer, conseille le père Yodé, on peut toujours sauver la situation lorsque l’Église est vite informée ».

Dans certains cas cependant, reconnaît le spécialiste de droit canonique, on peut arriver à la séparation des conjoints, entraînant parfois même la dissolution du lien de mariage religieux. Lorsqu’il y a « injure au Créateur ou non cohabitation pacifique, la séparation peut-être envisagée dans l’optique de préserver la foi et la vie du fidèle catholique qui pourrait, s’il le désire, contracter un nouveau mariage, dans les conditions prévues par l’Église », révèle le père Yodé.

Avec La Croix Afrique

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