L’équipe de Soro insulte Essy Amara

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 14 septembre 2015 16 h 41 min

Franklin Nyamsi (conseiller de Soro Guillaume) qualifie Essy Amara de « petit looser de l’ivoirité ou l’héritier maudit par Houphouët »

L’accumulation des ans n’est pas forcément celle de l’expérience et de la sagesse. Vieillir, pour ceux qui ne se donnent pas très tôt de bons principes, c’est hélas souvent retrouver les joies de la brute plus ou moins cachée en soi-même, telle une pierre jamais taillée qui se retrouve en vue dans un édifice apparemment majestueux. Certains, en prenant de l’âge, font resurgir dès lors les démons de leur enfance, de leur adolescence et de leur vie adulte, avec une violence inouïe, qui brise toutes les normes du bon sens et viole tous les codes sacrés de la vie en société. Comment ne pas s’en convaincre quand on observe attentivement le parcours politique de Monsieur Essy Amara, candidat isolé à la présidentielle ivoirienne de l’an 2015 ? On ne peut manquer de s’interroger sur la raréfaction de la sagesse dans l’esprit probablement saturé et les neurones lobotomisés de haine chez cet homme. J’aimerais consacrer les lignes qui suivent à essayer de comprendre les origines de la scandaleuse tentative d’exclusion du Président de la république sortant, Alassane Ouattara, par un recours d’un incroyable et indécent culot, adressé au Conseil constitutionnel par l’ex-ministre Essy Amara, lui-même candidat à l’élection présidentielle 2015 dont il rêvait d’écarter le Chef de l’Etat en exercice de Côte d’Ivoire. Dans l’analyse qui va suivre, nous nous imposerons réflexivement trois moments essentiels:
D’abord, nous nous appesantirons sur la signification extraordinaire de la lutte menée décisivement contre l’idéologie ivoiritaire, sur le plan civique par le RDR d’Alassane Ouattara, dès 1994 et sur le plan militaro-politique par le MPCI-FN de Guillaume Kigbafori Soro, dès janvier 2001. La dernière décision du conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, on le verra, brise juridiquement les reins à cette pathologie majeure de la politique ivoirienne.

II) Ensuite, nous en viendrons aux dernières convulsions de l’idéologie de l’ivoirité, dont Essy Amara, dans un élan qui témoigne autant de son désespoir que de sa nuisance maladive à l’éthique républicaine, a voulu se faire le parangon. Pour sa propre honte.

III) Enfin, nous nous appesantirons un peu sur l’Homme Essy Amara, pour comprendre dans les failles complexées de son psychisme délabré et dans les grandes étapes de sa carrière en slaloms, les raisons de la conduite honteuse que sa démarche politicienne actuelle exhibe en un bien triste spectacle de carottes cuites.

I
L’ivoirité ou l’attentat contre l’humanisme d’Houphouët-Boigny

Exclure des ivoiriens dans le pays d’Houphouët, c’est pécher contre l’esprit le plus noble de Côte d’Ivoire. On ne comprendra pourtant rien à la Côte d’Ivoire du XXIème siècle si l’on ne prend pas en considération l’évidence suivante: le drame le plus grave qui ait jamais frappé ce pays, après les souffrances coloniales de la fin du XIXème siècle à la première moitié du XXème siècle, c’est l’idéologie criminelle de l’ivoirité. Le concept prit naissance, il faut s’en souvenir, dans un noble projet de l’intellectuel Niangoran Porquet, dans les années 70. Le chercheur voulait trouver une synthèse culturelle entre les cultures des peuples de la savane et celles des peuples de la forêt ivoirienne. C’est ainsi qu’il forgea ce néologisme. On aurait pu espérer un sort heureux à cet effort de construction rationnelle et poétique d’une civilisation ivoirienne métissée..
Mais le chemin de l’enfer étant pavé de bonnes intentions, on retrouve dès la fin des années 80 et le début des années 90, le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo à l’avant-garde de la politisation du concept d’ivoirité. Sous couvert de mener un combat pour la démocratisation pluraliste de la Côte d’Ivoire, Gbagbo et ses suiveurs accusent d’ores et déjà le président Félix Houphouët-Boigny de ne gagner les élections que grâce aux voix des étrangers-résidents de Côte d’Ivoire, admis par principe de fraternité panafricaine concrète, à voter aux élections. Pour Gbagbo et le FPI, il faut d’urgence exclure les étrangers de la politique ivoirienne, afin que le pays revienne aux vrais fils de l’Eburnée. L’ivoirité devient alors le projet de rétrécir la nation ivoirienne à la catégorie exclusive des vrais ivoiriens. Le FPI charge alors tête baissée comme un bélier enragé contre le seul premier ministre de Félix Houphouët Boigny, le Docteur Alassane Ouattara, qu’on hésite pas à présenter dès les années 89-90 comme « l’homme de l’Etranger », « le Mossi, » « l’Usurpateur du trône », dans de nombreuses tribunes frontistes.
A l’époque pourtant, Félix Houphouët Boigny, avait prévenu les Ivoiriennes et les Ivoiriens, contre la haine tôt entretenue contre le citoyen Ivoirien Alassane Ouattara par les ambitieux qui ne rêvaient alors que de remplacer urbi et orbi Le Vieux Sage de Yamoussoukro. Citons Houphouët parlant du Docteur Ouattara en en pleine crise économique ivoirienne en 1990, dans un discours prémonitoire et testamentaire:
« J’ai fait venir auprès de moi, un jeune compatriote. Mais parce que beaucoup d’entre vous ne le connaissent pas, on parle d’étranger . C’est Alassane Ouattara. C’est un originaire de la grande métropole d’Astalor, Kong. Vous savez, la guerre de Samory, n’a pas épargné cette grande cité, dont les chefs précisément étaient les Ouattara. Sa mère est d’Odiénné. L’un de ses cousins a travaillé pendant huit ans avec moi à la CEDEAO, à Lagos. On ne l’a pas taxé d’étranger. Ce sont les gens de l’opposition qui inventent tout cela! Alassane Ouattara travaille avec une petite équipe pour essayer de trouver des moyens …pour permettre à la Côte d’Ivoire de poursuivre le développement économique. Nous le connaissons tous. Nous le connaissons pour sa grande compétence, pour son sérieux, pour son honnêteté, pour ses connaissances profondes du monde financier et bancaires, pour ses amitiés extérieures, surtout pour ses relations excellentes avec les deux grandes institutions financières internationales, le Fonds Monétaire et la Banque Mondiale. Nous le soutenons dans sa tâche difficile, et je pense qu’il va réussir… Je lui fais confiance, vous lui ferez confiance! »
Où était donc un certain Essy Amara pour contredire le Président Houphouët Boigny à propos du Docteur Ouattara? Au diable Vauvert. En bon poltron, il attendait l’heure fatidique de la mort d’Houphouët pour piétiner sa parole sacrée. Qui pouvait donc se réclamer de l’houphouetisme tout en contredisant ces paroles solennelles et puissantes du père de la Côte d’Ivoire moderne? Qui, diantre, pouvait mieux connaître le lignage des Ouattara que le sage de Yamoussoukro? La lâcheté vit toujours dans les ténèbres. Elle attend l’effacement d’une grande lumière pour se montrer. Le président Houphouët, homme de Bien, grand rassembleur de pluralités, panafricain humaniste, décéda en décembre 93. Le bal public des sorciers commença. Le grand chat disparu, les petites souris se mirent à danser.
C’est tout naturellement dans le sillon de la politisation frontiste de l’ivoirité que vont creuser à leur tour, les intellectuels de la fameuse CURDIPHE, cellule universitaire mobilisée au coeur du régime du PDCI-RDA du Président Henri Konan Bédié, pour renforcer sa mainmise sur le pays après la disparition du Président Houphouët-Boigny. Le thème de « la Côte d’Ivoire aux vrais ivoiriens » est amplement utilisé dans la guerre successorale qui fait suite au décès du président Houphouët, et en particulier lors de l’élection présidentielle de 1995, que boycottent tactiquement le FPI et le RDR, rassemblés alors dans un Front Républicain contre le pouvoir PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié. La dérive ivoiritaire s’aggrave alors dans le pays, sous forme notamment de tracasseries administratives qui se concentrent sur les ressortissants du Nord de la Côte d’Ivoire qui progressivement sont classés en citoyens de seconde zone, voire purs et simples étrangers. Le livre Les Chemins de ma vie, publié par le Président Bédié lui-même, fort mal inspiré, enfonce le clou de la politisation de l’ivoirité quand le premier ministre d’Houphouët s’y voit attribuer, avec condescendance du reste, un père burkinabé. Le Dr Alassane Ouattara devient dès lors la figure emblématique de l’exclusion et de la discrimination politiques en Côte d’Ivoire. Vers lui, Alassane Ouattara, se tournent désormais les visages désespérés des Ivoiriens du Nord, des Ivoiriens issus de la sous-région africaine, des bi-nationaux d’origine ivoirienne, des métis ivoiro-européens, ivoiro-américains, ivoiro-asiatiques, et des Ivoiriennes et Ivoiriens épris de l’humanisme politique de Félix Houphouët Boigny.
La lutte politique contre l’ivoirité, qui semblait un temps avoir rassemblé le FPI et le RDR, devient dès 1999, l’affaire exclusive du RDR. Un coup d’Etat, mené par des jeunes militaires, a porté le général Robert Guéi à la tête de la Côte d’Ivoire le 24 décembre. Le FPI, accouru aux abois, met le général Guéi sous influence et accule le RDR à quitter le régime de transition dirigé par le militaire saint-cyrien. Ce dernier se met à l’école de l’idéologie de l’ivoirité, à laquelle Gbagbo et quelques rénégats du PDCI-RDA lui décernent vite les meilleurs lauriers. La constitution ivoirienne de juillet 2000 vient consacrer en son article 35, l’exclusion radicale d’une immensité d’Ivoiriens, visés en leur âme par l’usage pervers de la conjonction de coordination « ET », dans le texte constitutionnel. Commence alors un combat asymétrique, où les armes de la junte de Guéi, puis du régime de Gbagbo après la mascarade électorale d’octobre 2000, donnent à l’ivoirité un statut plein d’idéologie criminelle et génocidaire. La résistance civique non-violente du RDR et du PDCI-RDA contre cette nouvelle exclusion devient vite insignifiante face à la violence arbitraire du régime de la Refondation. La candidature du président du RDR à la présidentielle 2000 est rejetée, sous le motif fallacieux de « nationalité douteuse » et celle du président du PDCI-RDA l’est également pour des raisons d’absence organisée du candidat sur le territoire. Les partis politiques de l’opposition républicaine se retrouvent alors livrés au caprice du FPI. D’où viendra le rééquilibrage du rapport de forces contre le pouvoir Gbagbo dont l’arrogance dès octobre 2000 n’a d’égale que la violence brute?
C’est ici qu’entre en scène un personnage fort connu des annales des luttes citoyennes ivoiriennes des années 90. Sorti des années syndicales 1990-1998 où il a été le plus célèbre des Secrétaires Généraux de la FESCI , Guillaume Kigbafori Soro connaît le FPI de l’intérieur, comme l’ensemble de la gauche ivoirienne où il a forgé sa conscience politique. Dès l’exclusion d’Alassane Ouattara de la présidentielle, puis des législatives 2000 par le couple Guéi-Gbagbo, puis le régime FPI de Gbagbo lui-même, Guillaume Soro sait avec conviction que de nombreux Ivoiriens sont désormais comme Alassane Ouattara, menacés d’apatridie, d’exil, d’indignité et de mort violente. Il subit lui-même moult humiliations qui attestent de la montée vers l’extrême de l’exclusion au patronyme, de la traque de la différence religieuse, bref du projet d’embrigadement des consciences ivoiriennes par le sicaires du FPI. Dès fin 2000, le jeune universitaire venu de Ferké entre en contact avec de braves soldats des armées ivoiriennes. Il organise et programme son exil avec eux et crée le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire qui viendra dès les 7-8 janvier 2001 affronter les FANCI fidèles au régime Gbagbo. L’échec de la première tentative permet la meilleure préparation de la seconde, le 19 septembre 2002. Le régime Gbagbo, qui avait réduit l’opposition civile à sa plus simple expression, se retrouve pour la première fois dos au mur.
Guillaume Soro et ses camarades donnèrent leur sang, leur sueur et leurs larmes pour l’émergence d’une république ivoirienne inclusive, de 2002 à 2011. Comment oublier, en ce mois de septembre 2015, que c’est par cet engagement sacrificiel que l’idéologie criminelle de l’ivoirité, maudite par Houphouët-Boigny, dut connaître sa première défaite politique en 2002? Le rapport des forces politiques ivoiriennes change favorablement pour l’opposition dans ce long combat, où aucun sacrifice n’est épargné aux corps et aux âmes engagées. Le paysage architectural de la Côte d’Ivoire contemporaine n’attend-il pas fiévreusement les stèles dues à ces vrais héros du retournement révolutionnaire du peuple contre l’engeance ivoiritaire? Contrôlant de fait 60% du territoire ivoirien, le MPCI de Guillaume Soro conduit Gbagbo à la négociation, au partage du pouvoir, et nec plus ultra , aux élections démocratiques, transparentes et inclusives d’octobre-novembre 2010, dont le Docteur Alassane Ouattara, candidat unique du RHDP dès le second tour , sortira nettement vainqueur. L’Accord de Ouaga, signé en 2007, matérialise le déplacement des plaques de la tectonique politique ivoirienne. Il oblige, puis contraint Gbagbo à se soumettre à la Vox Populi. Et c’est bien parce que ce combat a mené démocratiquement et militairement l’élu du peuple, Alassane Ouattara, aux plus hautes fonctions de la république que le texte constitutionnel issu des manipulations de juillet 2000 ne pouvait servir à nouveau à l’exclusion de celui qui reconnut lui-même très tôt que l’article 35 de la Constitution ivoirienne le visait, mais ne le concernait pas. Pour autant, ne s’est-il pas trouvé un certain Essy Amara pour espérer que le Conseil Constitutionnel Ivoirien réitère son forfait d’octobre 2000 et de décembre 2010? Venons-en à la dernière tentative du plus piteux des loosers que l’ivoirité ait jamais fabriqué.

II
Le recours scandaleux d’Essy Amara et la réplique magistrale du Conseil Constitutionnel Ivoirien à l’impertinent politicien lunatique

On se serait franchement attendu à ce qu’une telle initiative saugrenue vienne des candidats de la galaxie du FPI, habitués de la rengaine xénophobe contre Alassane Ouattara en particulier, et contre les Ivoiriens du Nord ou les métis culturels ivoiriens en général. On se serait attendu à ce que les amis et commissionnaires du vidéomane psychopathe Johnny Patcheko, que sont les Christian Vabé, Docteur Boga, Alain Toussaint, Alain Cappeau, Bernard Houdin, Habiba Touré, ou le baveux insignifiant Coovi Gomez fassent leur sale besogne habituelle depuis les ondes diasporiques où ils excellent en bouffonneries plus bouffonnes les unes que les autres. S’époumonent à désivoiriser Ouattara par tous les artifices de la rhétorique, par toutes les contorsions de la haine, par tous les mensonges et par toutes les manipulations lucifériennes de leur cru. On se serait attendu à voir un Affi Nguessan, Tchè-Mougouni républicain qui jurait autrefois que Ouattara passerait sur son corps pour être président de la république, aller faire recours contre la candidature du Chef de l’Etat à la présidentielle 2015. On voyait même le nain politique KKB faire ladite démarche, en guise d’ultime bravade d’un bien insignifiant trublion. KKB n’est-il pas allé jusqu’à dire qu’il avait honte d’avoir voté Ouattara en 2010 contre Gbagbo? Dans le meilleur des cas, on voyait un certain Charles Konan Banny- négligeant éventuellement ses propres lignages ouest-africains connus- aller demander au Conseil Constitutionnel d’écarter celui qui ne mériterait pas l’héritage d’Houphouët, parce qu’il n’est pas Akan, encore moins Baoulé. Rien de tout cela n’advint…
Hélas, le profane n’est jamais loin de la porte du temple. Le traître du roi est souvent l’un de ses porte-bagages. C’est un certain Essy Amara, ancien ministre d’Houphouët, ministre sous le gouvernement dirigé par Alassane Ouattara, qui s’est porté candidat à la sale besogne de ressusciter une interprétation ivoiritaire de l’article 35 de la constitution, et demander que la participation du président Ouattara à la présidentielle 2010 soit considérée comme un acte exceptionnel de faveur de l’ex-président Gbagbo, que la constitution ne saurait autoriser à nouveau en 2015. Essy Amara n’a pas manqué de hargne dans sa démarche: « L’article 35 doit s’appliquer à tous et pour tous (…) Il nous faut tirer les les leçons du Burkina qui a connu un changement brutal du fait du non-respect de la loi fondamentale ». Rien que cela? Peut-on sérieusement se revendiquer de Félix Houphouët Bobigny et tenter de livrer ainsi son seul premier ministre à la vindicte de l’opinion nationale et internationale?
La réponse du Conseil Constitutionnel ivoirien à Essy Amara est d’une élégance et d’une rigueur scientifique exemplaires. Conscient de sa mission régalienne d’inclusion et de hauteur éthique irréprochable, le Conseil Constitutionnel s’est imposé de « redorer le blason de la Côte d’Ivoire quelque peu terni (…) par une embarrassante réputation d’Etat xénophobe et exclusionniste ». Conséquence? Le Conseil a reconnu l’évidence même des quatre faits suivants, attestés par le témoignage historique du président Félix Houphouët-Boigny cité plus haut dans cette tribune:
Alassane Ouattara est bien de père et de mère ivoirien. Il l’a prouvé plusieurs fois, et a pu se faire délivrer les pièces d’Etat civil qui le prouvent sous des régimes pourtant hostiles à sa personne, comme le furent les régimes du PDCI-RDA entre 1993 et 1999 et du FPI entre 2000 et 2010.
Alassane Ouattara a participé à la présidentielle 2010, non pas tant en raison de la magnanimité de Laurent Gbagbo qu’en raison de l’absence de preuve faite par le Conseil Constitutionnel examinant son dossier, qui a parfaitement reçu son certificat de nationalité et son acte d’Etat Civil affirmant qu’il remplissait les conditions de l’article 35.
Alassane Ouattara, qui plus est, a gagné haut la main la présidentielle 2010 face au candidat du FPI, ce qui lui a confirmé l’onction suprême du peuple de Côte d’Ivoire qui ne saurait comprendre que le Conseil rendant justice en son nom, expatrie juridiquement son citoyen le plus éminent de l’heure, et dans tous les cas, l’un des plus éminents citoyens de l’Histoire de ce pays. Quoiqu’on en pense et en dise.
Alassane Ouattara, comme tous les autres candidats validés par le Conseil Constitutionnel, a fourni un dossier complet et irréprochable en tous les points requis par la loi ivoirienne. Il mérite en cela d’être traité conformément au principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi, en démocratie moderne.

ivoiriens de l'étranger [1]

Mais qui diantre, a donc osé croire que les hauts magistrats, après les longues années de lutte anti-ivoiritaire, après les sacrifices tragiques des militants du RDR d’Alassane Ouattara depuis 1994, après le combat héroïque et décisif des jeunes ivoiriens rassemblés dans le MPCI-FN autour de Guillaume Soro, après l’effort de dépassement de soi effectué par le PDCI-RDA du président Bédié pour ressouder le camp houphouetiste depuis 2005, qui diantre dis-je, a osé croire que les hauts magistrats de Côte d’Ivoire, présidés par le juge Mamadou Koné, allaient reconduire la Côte d’Ivoire dans le parjure de l’humanisme d’Houphouët Boigny? Il nous faut entrer dans le parcours sinueux du candidat isolé Essy Amara pour comprendre la profondeur abyssale du mal moral qui le ronge, jusque dans ses postures physiques. Il nous faut comprendre les raisons de l’impertinence et des tendances lunatiques d’un personnage auquel nous ne contestons surtout pas le droit d’aller perdre une élection présidentielle. Mais nous lui contestons le droit de se croire en droit d’exclure, alors qu’il représente précisément la partie la plus honteuse de l’âme ivoirienne et de la conscience panafricaine contemporaines.

III
Essy Amara, looser par excellence, ivoiritaire maudit par Houphouët Boigny

La carrière de notre homme n’est pas bien étonnante. Il la doit à celui qu’il dédit et méprise aujourd’hui, en piétinant publiquement sa parole solennelle. Essy Amara est de ces ingrats amnésiques dont regorgent malheureusement nos tropiques. Ceux qui en savent l’histoire réelle ont su nous faire bénéficier de leurs lumières.

Dans la vie de cet homme, il y a un petit hiatus autobiographique. L’auto-négation de son identité réelle. De son vrai nom Essy Amara Ouattara, issu d’une des lignées Ouattara de la région de Bondoukou, l’homme a dû biffer ce patronyme pour essayer de passer entre les gouttes, en une époque où singer l’akanité était de bon ton dans les milieux courtisans. Un complexe d’infériorité n’est-il pas au coeur de la problématique de ce candidat isolé à la présidentielle ivoirienne de l’an 2015? L’opinion a le droit de savoir que cet homme porte comme un boulet, la honte d’être comme il est. Cela peut nous aider à comprendre le retour du refoulé freudien en lui, la propension à faire mousser sa bassesse. Ayant une mauvaise estime de soi, il a dû la reconvertir en haine de tout autre qui lui rappelle un tant soi peu un aspect inachevé de lui-même. Le Docteur Alassane Ouattara est un Ouattara, fier de l’être et l’assumant avec excellence. Face à un Alassane Ouattara qui s’assume, comme ne pas comprendre la morgue d’un Essy Amara Ouattara masqué qui se fuit, qui tremble de tous ses membres, à l’idée d’assumer pleinement toute son histoire de vie réelle?

La carrière de l’homme, criblée de génuflexions opportunistes qui masquaient sa lâcheté tardive, s’en est ressentie. Essy Amara était un diplomate bien ordinaire en Amérique latine et du Nord entre 1981 et 1990, conseiller d’ambassade, quand il fit la connaissance de la première dame de Côte d’Ivoire d’alors. Il fut particulièrement remarqué en raison de son extraordinaire aptitude de garçon de courses. Porte-bagages dévoué, il ne manqua point d’attirer compassion et attention. Devenu ambassadeur de Côte d’Ivoire en Suisse, il continue de faire des pieds et des mains pour être vu. Cela lui vaut allègrement une promotion comme ministre d’Etat des affaires étrangères en 1990. Il y restera jusqu’en 1998. En 2001, grâce à ses accointances ivoiritaires avec le régime Gbagbo, et sa trahison confirmée contre le président Bédié, il devient Secrétaire Général de l’OUA. Il y restera jusqu’en 2002-2003, rapidement éconduit en raison de compétences carentes par les esprits avertis de l’Union Africaine récemment re-fondée. Son passage comme intérimaire à l’OUA fut un échec piteux, et devait être la source d’une aigreur que plus rien ne devait démentir. En réalité, Houphouët-Boigny avait un tel rayonnement diplomatique que son ministre des affaires étrangères ne pouvait être qu’un chargé de mission. Les affaires étrangères étaient tenues de main de maître par l’immense personnage planétaire qu’était le premier président ivoirien. N’est-ce pas le même Essy Amara qui devait subir des cuisants revers diplomatiques en Algérie et au Koweit où son inconsistance sur le terrain se révéla au grand jour? Au moment où le régime Bédié tombe sous le putsch du général Guéi en 1999, autant ne pas vous dire par quelles acrobaties de poltron notre Essy Amara s’enfuit de Côte d’Ivoire, sans chercher son reste. Il se dit que l’homme ne tient pas un fil en cas d’adversité réelle. Son courage « juridique » de ces dernières semaines relèverait-il alors de l’esbroufe et/ou d’un effort désespéré de pouvoir enfin au moins être fier de quelque chose?

C’est justement cet Essy Amara qui rencontre un jour de l’an 2002, le vaillant Guillaume Kigbafori Soro, alors Secrétaire Général du MPCI, dans les bureaux du Président Eyadéma à Lomé. Le sage togolais souhaite que l’éphémère sécrétaire général de l’OUA mette ses services de prétendu médiateur à l’oeuvre en Côte d’Ivoire où la crise militaro-politique bat son plein. Or que voit et qu’entend Guillaume Soro? Un homme plein de morgue et de suffisance, qui veut lui donner des leçons d’histoire et le faire culpabiliser d’avoir pris les armes contre le régime criminel de Laurent Gbagbo. Le maître des 60% du territoire ivoirien ne s’en laissera pas longtemps conter en présence du président Eyadéma. Guillaume Soro renvoie sans embarras l’impertinent Amara dans ses cordes et le tance sévèrement, lui rappelant que ses accointances avec l’idéologie et les dérives de l’ivoirité sont largement connues des vrais analystes de sa carrière de contorsionniste/opportuniste politique.

Comment s’étonner dès lors que l’homme qui a esté devant le Conseil constitutionnel pour tenter d’exclure le président en exercice Alassane Ouattara de sa réélection probable à la tête de l’Etat, soit précisément cet Essy Amara? Sans parti politique, avec pour seul bilan de carrière ses échecs diplomatiques successifs, quel programme politique peut-il sérieusement faire valoir à la présidentielle 2015? Et pour gouverner qui, avec qui et quoi? N’est-ce pas devant Koffi Annan qu’il mordit la poussière à l’ONU? Logées en Essy Amara, la haine de Soi et la haine de l’Autre ont fait leur chemin. Les parvenus, à force de génuflexions et de contorsions, aux grandes charges de l’Etat, trahissent tôt ou tard la vacuité de leurs apparences grandiloquentes et de leur parcours surévalué par la propagande mensongère qu’ils nourrissent. L’homme véritable, en Essy Amara, est un jaloux narcissique inachevé. Il a osé dédire Houphouët, après sa mort, alors qu’il n’a pas osé le contredire, de son vivant. Couardise suprême! Dédire un grand mort qu’on n’ a pas osé contredire de son vivant, n’est-ce pas s’offrir une malédiction posthume? N’ayant pas osé dire que Ouattara n’est pas ivoirien quand Houphouët rappelait à tous que Ouattara est un digne et éminent fils de Côte d’Ivoire, Essy Amara est en réalité un éternel looser – perdant invétéré- qui vient de porter comme la plus implacable des malédictions d’Houphouët Boigny, la responsabilité hideuse et honteuse d’avoir tenté de ressusciter tardivement l’idéologie de l’ivoirité devant une cour constitutionnelle qui a offert enfin à l’ivoirité une sépulture lourde en béton armé. Le toilettage prochain de la constitution de Côte d’Ivoire ne viendra-t-il pas parachever avec bonheur le cycle de malheurs et d’errances ouvert par la discrimination politique dans ce beau et grand pays africain? La réélection magistrale du président Alassane Ouattara sera une apothéose. Puisse le mois d’Octobre 2015 voir le peuple souverain de Côte d’Ivoire offrir à notre looser de service, la douche froide dont sa malice et sa perfidie viscérales ne se relèveront point!

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Endnotes:
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