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Le drame oublié des réfugiés ivoiriens au Liberia

Les Ivoiriens continuent de se réfugier au Liberia voisin, où ils sont déjà plus de 150.000, selon le HCR. Signe que la situation est loin d’être entièrement pacifiée en Côte d’Ivoire.

Ce fut l’un des tout premiers signaux de la guerre qui se préparait en Côte d’Ivoire. Dès le mois de janvier 2011, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies signalait des mouvements de populations de l’ouest de la Côte d’Ivoire vers le Liberia. Traumatisés par les exactions et massacres commis fin 2002 et début 2003 dans leur région, des milliers d’Ivoiriens avaient commencé à fuir, alors que débutaient des attaques armées dans certaines localités.

Deux comtés du Liberia frontaliers de la Côte d’Ivoire, notamment, accueillent ces populations. Le comté de Nimba, où le HCR a installé des camps, et celui de Grand Geddeh. «C’est un conflit que le monde a déjà quasiment oublié. Or, le fait que des Ivoiriens continuent à arriver ici nous indique que la crise est loin d’être résolue»,témoigne Brams Posthumus, journaliste néerlandais, joint par téléphone sur place.

Cet expert du Liberia et des questions humanitaires lance un cri d’alarme: 

«Ici à Grand Geddeh, la situation est très très grave. Il y a des villages libériens qui accueillent actuellement des milliers de réfugiés ivoiriens. J’ai été dans un village qui s’appelle Ganzohn. C’est tout près de la frontière avec la Côte d’Ivoire. Dans ce village vivent habituellement 3.000 personnes. Aujourd’hui, il y a 10.000 Ivoiriens qui dorment en grande partie dans les rues. Certains vivent à 15, parfois 25, dans une petite chambre. Ils ont bien sûr un problème d’espace, d’eau potable, de nourriture. J’ai parlé avec le chef du village, qui est désespéré parce qu’il ne sait pas comment nourrir tous ces gens.»

Réfugiés dans des régions qui manquent de tout

De fait, toutes ces personnes sont accueillies dans des zones où l’on manque déjà de tout.«Ils ont trouvé refuge auprès de communautés rurales appauvries, dont les réserves de nourriture et de semences sont aujourd’hui presque épuisées», indique le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui aide les villageois à reconstituer leurs stocks, à l’approche de la saison des pluies.

Pour sa part, le HCR ne dispose pas de financements suffisants. L’organisation onusienne a lancé un appel aux dons, relayé sur son site Internet, qui n’a pas, jusqu’à maintenant, permis de récolter les fonds escomptés.

La situation est d’autant plus inquiétante que les réfugiés, en majorité des femmes, ont peur de rentrer en Côte d’Ivoire. Beaucoup viennent des zones de Duékoué —où des centaines de personnes ont été massacrées, selon le CICR, Amnesty International et l’ONU— ou de Bloléquin où des tueries ont également eu lieu.

Qui sont les auteurs de ces attaques et de ces massacres? «Des réfugiés que j’ai rencontrés dans ce comté de Grand Geddeh évoquent des « rebelles »», indique Brams Posthumus, c’est-à-dire les forces loyales à Alassane Ouattara. D’après lui, la situation est différente dans le comté de Nimba, où il a croisé des partisans comme des adversaires d’Alassane Ouattara, fuyant les exactions commises par des hommes armés de l’un ou l’autre camp, voire sans aucune affiliation particulière.

Face à cette situation humanitaire extrêmement fragile, la position du Liberia est constante.«Ce sont nos sœurs, ce sont nos frères, ils nous ont accueillis quand c’était la crise au Liberia, nous allons faire la même chose», affirme le pouvoir de Monrovia. Mais les autorités libériennes, déjà confrontées à une situation économique et sociale très fragile, rappellent que leur pays sort de longues années de guerre civile et qu’elles n’ont aucun moyen pour assister ces populations en détresse.

Tandis qu’à Abidjan le nouveau pouvoir parle de «normalisation» et que le président français Nicolas Sarkozy s’apprête à assister à l’investiture d’Alassane Ouattara, personne, à part les humanitaires, ne semble s’émouvoir du sort de ces dizaines de milliers de civils ivoiriens.

Jéremie Ncube

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