Lara Logan, reporter violée place Tahir (Egypte)

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 11 mai 2011 14 h 02 min

Flore Vasseur revient sur l’enfer qu’a vécu Lara Logan, une reporter de guerre. Violée sur la place Tahir, alors même que les Egyptiens fêtaient le départ de Moubarak, elle a choisi de raconter son calvaire pour ne plus être considérée comme une victime et pouvoir retourner sur le terrain.

Aujourd’hui j’aimerais vous parler de l’histoire de Lara Logan, une journaliste sud-africaine d’une quarantaine d’années, employée de la chaine CBS et notamment du magazine de reportage « Sixty Minutes ». En reporter de guerre, c’est dans « Sixty Minutes » qu’elle racontait depuis neuf années son expérience de terrain : les conflits en Afghanistan ou en Irak. Au début de l’année elle a couvert la révolution égyptienne. Elle a même été arrêtée début février par la police de Moubarak. Mais le 1er mai dernier, c’est son calvaire à elle qu’elle a détaillé, face caméra.

Nous sommes le 11 février 2011. Tout juste débarquée de l’avion, Lara Logan fonce de l’aéroport vers la Place Tahir. La journaliste veut être au cœur de l’événement. Autour d’elle, cent mille personnes chantent la chute de Moubarak. Avec sa petite équipe, son producteur, son caméraman et son chauffeur qui lui sert aussi de garde du corps, elle avance dans la foule. Ils filment environ une heure l’Egypte libérée du dictateur. Elle se prête au jeu de ceux qui lui demandent d’être pris en photo avec elle. Soudée, la petite troupe s’arrête dans sa progression pour que le cameraman change de cassette. Le chauffeur / garde du corps s’agite tout à coup, met en garde la journaliste. Le chauffeur brutalement blême, lui dit « vous n’êtes pas en sécurité ici, il faut partir ». Des hommes qui maintenant les entourent, il aurait entendu : « Et si on lui ôtait ses vêtements ? C’est une Israélienne, une espionne de toute façon. » Lara Logan lui répond : « J’ai l’habitude, je suis reporter de guerre ».

Avant qu’elle n’ait le temps de finir sa phrase, des hommes l’arrachent du sol, écartent le cameraman et le garde du corps. Soulevée du sol donc, elle s’accroche au bras de son producteur pendant que ses vêtements partent en lambeaux. Des mains la saisissent et la pénètrent de toute part, la tirent, la griffent, la tordent. Quand elle lâche le poignet de son producteur contre lequel s’acharnent des complices, elle est emportée, battue, violée. Son calvaire, filmé sur toute une panoplie de téléphones portables dure vingt-cinq minutes, au milieu d’une foule en liesse.

Ce soir-là, des Egyptiens qui viennent de faire tomber Moubarak pensent avoir tous les droits. Lara Logan passe d’homme en homme, avance malgré elle. Elle veut mourir, pense à ses enfants, sait qu’elle n’en reviendra pas. Tout à coup, elle atterrit sur les genoux d’une femme en burqa dont elle n’aperçoit que les yeux, à travers le grillage. Elle est assise contre un mur. C’est un campement de femmes. La femme retire sa burqa pour en couvrir le corps de Lara, souillé de tout. En un éclair, les femmes du campement entourent Lara comme une haie de protection, un paravalanche de haine. Des soldats alertés fendent enfin la foule. L’un jette Lara sur son dos. Des hommes tentent de la rattraper, battent le soldat qui résiste et la fait entrer dans un char. Une horde tape sur ledit char puis rageurs, les agresseurs se dispersent, passent à autre chose, retournent à la fête.

Lara Logan est rapatriée aux USA, hospitalisée. Chaque parcelle de son corps est souillée ou bleue mais « les articulations, raconte-t-elle, ont tenu ». Très vite, elle décide de publier avec CBS un communiqué puis de tout raconter, dans les détails, comme je viens de le faire. La solidarité immédiate des femmes du campement, le geste réflexe de la femme en burqa lui ont probablement fait comprendre que l’agression sexuelle, en Egypte notamment, est monnaie courante et peu condamnée. Elle raconte tout aussi parce que, dit-elle, les femmes journalistes de guerre n’osent pas révéler les agressions sexuelles qu’elles subissent lors de leur travail, de peur qu’on ne les écarte du terrain : selon Lara Logan, « nos blessures de guerre sont invisibles mais elles ne partiront jamais ».

Lara Logan a donc tout raconté dans sa propre émission, face caméra. Elle veut retourner sur le terrain, la peur au ventre. Histoire de ne plus jamais être définie par ce viol. Mais par son travail.

S: marianne2.fr

 

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