Dans un contexte d’agitation diplomatique entre l’Equateur et le Royaume-Uni[1],Julian Assange a effectué, dimanche 19 août, sa première apparition publique depuis qu’il s’est retranché à l’ambassade équatorienne à Londres, le 19 juin.
Son discours, d’une dizaine de minutes, au balcon de l’ambassade équatorienne, a commencé peu après 15 heures. Julian Assange y a notamment remercié tous ceux qui l’ont aidé pour éviter son extradition vers la Suède[2], et notamment l’Equateur.
« WikiLeaks est sous le coup de menaces, tout comme la liberté d’expression et la santé de l’ensemble de nos société[3]s. Les Etats-Unis doivent renoncer[4] à la chasse aux sorcières lancée contre WikiLeaks[5]« , a-t-il également déclaré (voir[6] la vidéo de son discours en anglais ci-dessous).
ÉVITER L’ARRESTATION BRITANNIQUE
La question de cette apparition publique était notamment de savoir[7] comment Julian Assange pourrait sortir[8] sans être aussitôt arrêté par la police[9], qui cerne l’ambassade équatorienne, où il bénéficie de l’asile diplomatique depuis le jeudi 16 août[10].
Retranché depuis le 19 juin[11], le fondateur de WikiLeaks ne pouvait même pasprendre[12] le risque de mettre[13] les pieds dans les parties communes de l’immeuble où l’ambassade n’occupe qu’un appartement : ces parties communes sont considérées comme « territoire britannique » par le Foreign Office.
Cette intervention publique de Julian Assange risque de compliquer[14] encore un peu plus le casse-tête diplomatique provoqué par son asile displomatique.
La décision de l’Equateur d’accepter[15] la demande du cofondateur de WikiLeaks est allée à l’encontre des décisions des autorités du Royaume-Uni : malgré les recours de Julian Assange, la Cour suprême britannique avait laissé le champ libre[16], en juin, pour son extradition vers la Suède, où il est réclamé par la justice[17].
Cette dernière souhaite l’interroger[18] sur le viol et l’agression sexuelle de deux jeunes femmes qu’il nie avoir[19] commis. Mais Julian Assange redoute que son extradition vers la Suède soit le préalable à une extradition vers les Etats-Unis, où il devrait potentiellement répondre d’espionnage pour avoir[19] publié sur son site des centaines de milliers de documents confidentiels américains.
« DE GRAVES CONSÉQUENCES DANS LE MONDE ENTIER »
Alors que, depuis le 16 août, les relations diplomatiques entre les autorités britanniques et l’Equateur sont pour le moins tendues, le pays a reçu un puissant soutien de ses amis de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques[20] (ALBA), à l’issue d’un sommet d’urgence convoqué samedi soir à Guayaquil, dans l’ouest de l’Equateur.
Les ministres des affaires étrangères[21] du bloc ALBA, qui comprend notamment leVenezuela[22], Cuba[23] et le Nicaragua[24], ont averti le gouvernement britannique que l’entrée de la police dans l’ambassade équatorienne à Londres pour y arrêter Julian Assange aurait « de graves conséquences dans le monde entier ».
« Nous refusons les menaces intimidatrices proférées par les porte-parole du gouvernement du Royaume-Uni parce qu’elles violent les principes de souveraineté et l’intégrité territoriale des nations », selon leur déclaration commune.
« Les menaces proférées par le gouvernement du Royaume-Uni, qui supposent la possibilité d’une entrée indue dans le siège diplomatique de l’Equateur à Londres pour arrêter Julian Assange, constituent des actes d’intimidation attentatoires à l’intégrité territoriale de la République de l’Equateur », ont réagi les ministres de l’ALBA dans un communiqué.
Par ailleurs, l’Equateur a annoncé lundi qu’il privilégiait pour l’instant la négociation avec les autorités britanniques pour les inciter[25] à laisser[26] partir Julian Assange vers Quito avant d’envisager[27] une saisine éventuelle de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. « Nous préférons poursuivre[28] le dialogue avec la Grande-Bretagne. La saisine de la Cour internationale de justice est une option que nous gardons pour plus tard », a déclaré le ministre équatorien des affaires étrangères,Ricardo Patiño, à la chaîne de télévision locale Gama.
« Nous savons que cela prend beaucoup de temps, au moins plusieurs années pour que cet organisme (la CIJ) puisse prendre[12] une décision, et nous préférons que le problème soit résolu avant que plusieurs années ne passent », a-t-il ajouté.
« MENACES GROSSIÈRES »
Le président équatorien, Rafael Correa, avait également dénoncé samedi les« menaces grossières » de la Grande-Bretagne. « Jamais, au moins tant que je serai président, l’Equateur n’acceptera des menaces comme celles que la Grande-Bretagne a proférées cette semaine de manière totalement grossière, manquant d’égards et inacceptable », avait déclaré M. Correa.
Londres a pourtant assuré jeudi au plus haut niveau qu’il n’était pas question d’une intrusion dans l’ambassade. « Il n’y a dans cette affaire aucune menace d’un assaut de l’ambassade », a déclaré le ministre britannique des affaires étrangèresWilliam Hague, soulignant au contraire que le dénouement du cas Assange pourrait prendre[12] « un temps considérable ».
Les Equatoriens « ont déformé nos propos », a déclaré à l’AFP un responsable britannique. Mais, pour Quito, qui affirme avoir[19] reçu un document écrit évoquant la possibilité d’une intrusion, la menace persiste puisque, selon le chef de ladiplomatie[29] équatorienne Ricardo Patino, « il n’y a pas eu un autre document désavouant le premier document, ou des excuses pour la menace proférée ».
TRACTATIONS AVEC LES ÉTATS-UNIS, LA SUÈDE ET L’AUSTRALIE
Après la réunion de l’ALBA, l’Equateur a convoqué les ministres des affaires étrangères de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) dimanche à Guayaquil pour faire[30] un point sur la situation tandis que l’organisation des Etats américains (OEA) a annoncé qu’elle convoquerait une réunion le 24 août à Washington de ses ministres des affaires étrangères.
Les Etats-Unis, qui ont dit rejeter[31] la notion d’asile diplomatique invoquée par l’Equateur, et le Canada[32], ont voté contre cette réunion. Quito a annoncé aussienvisager[27] de saisir[33] la Cour internationale de justice de La Haye pour contraindre[34] la Grande-Bretagne à délivrer un sauf-conduit à M. Assange.
Le ton est enfin monté entre la Suède et l’Equateur, dont le ministre Ricardo Patino avait émis l’idée jeudi que Stockholm pourrait ne pas respecter[35] les droits dedéfense[36] de M. Assange. « C’est inacceptable », a commenté le premier ministre suédois Fredrick Reinfeldt.
L’article intégral dans Le Monde[37]
- Royaume-Uni: http://www.lemonde.fr/royaume-uni/
- Suède: http://www.lemonde.fr/suede/
- société: http://www.lemonde.fr/societe/
- renoncer: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/renoncer
- WikiLeaks: http://www.lemonde.fr/wikileaks/
- voir: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/voir
- savoir: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/savoir
- sortir: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/sortir
- police: http://www.lemonde.fr/police/
- où il bénéficie de l’asile diplomatique depuis le jeudi 16 août: http://www.lemonde.fr/technologies/video/2012/08/16/l-equateur-accorde-l-asile-diplomatique-a-julian-assange_1746954_651865.html
- Retranché depuis le 19 juin: http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/06/22/julian-assange-justifie-sa-fuite-a-l-ambassade-d-equateur-a-londres_1723014_651865.html
- prendre: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/prendre
- mettre: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/mettre
- compliquer: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/compliquer
- accepter: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/accepter
- avait laissé le champ libre: http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/06/14/la-cour-supreme-britannique-rejette-le-recours-de-julian-assange_1718804_651865.html
- justice: http://www.lemonde.fr/justice/
- interroger: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/interroger
- avoir: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/auxiliaire/avoir
- Amériques: http://www.lemonde.fr/ameriques/
- affaires étrangères: http://www.lemonde.fr/affaires-etrangeres/
- Venezuela: http://www.lemonde.fr/venezuela/
- Cuba: http://www.lemonde.fr/cuba/
- Nicaragua: http://www.lemonde.fr/nicaragua/
- inciter: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/inciter
- laisser: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/laisser
- envisager: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/envisager
- poursuivre: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/poursuivre
- diplomatie: http://www.lemonde.fr/diplomatie/
- faire: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/faire
- rejeter: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/rejeter
- Canada: http://www.lemonde.fr/canada/
- saisir: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/deuxieme-groupe/saisir
- contraindre: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/contraindre
- respecter: http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/respecter
- défense: http://www.lemonde.fr/defense/
- Le Monde: http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/08/19/assange-l-equateur-et-ses-allies-lancent-un-avertissement-a-londres_1747549_651865.html