by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 15 septembre 2011 12 h 44 min
En dépit de cinq mois de violences post-électorales qui ont abouti en avril dernier à un conflit armé à Abidjan, entraînant plusieurs semaines de suspension des exportations, la Côte d’Ivoire s’apprête à battre son record de production de cacao pour la saison 2010-2011.
Le pays est le premier producteur de la fève du chocolat, avec près de 40 % de la récolte mondiale.
DE TRÈS BONS RÉSULTATS, MALGRÉ LA CONTREBANDE
À un mois de la fin de la saison cacaoyère, qui s’achève le 30 septembre, plus de 1,35 million de tonnes de fèves de cacao ont été livrées à Abidjan et San Pedro, les deux grands ports du pays.
« On s’attend à une production d’au moins 1,5 million de tonnes pour la saison en cours », estime un exportateur d’une compagnie européenne présente à Abidjan.
Soit environ 300 000 tonnes de plus que la saison passée. De très bons résultats, malgré la contrebande massive vers le Ghana voisin, deuxième producteur mondial. On estime que cette contrebande a atteint entre 100 000 et 300 000 tonnes au cours des quelques mois de crise.
CRISE POLITIQUE
Amakou Boi dirige une coopérative à Abengourou, une ville de l’est de la Côte d’Ivoire, proche de la frontière ghanéenne. Cette saison, il dit avoir vendu la moitié de sa récolte au Ghana, à cause des lourdes sanctions qui pesaient sur les ports du pays.
« Les exportations ont été interdites pendant trois mois, et les prix étaient bien meilleurs de l’autre côté », explique-t-il.
La violente crise politique qui a abouti à l’arrestation de Laurent Gbagbo, président sortant qui refusait de quitter le pouvoir, et à la mise en place du président élu, Alassane Ouattara, a finalement peu affecté le premier secteur économique du pays.
« Les conflits ont été localisés. En brousse, il n’y a, après tout, pas eu beaucoup de troubles, et les fermiers ont continué à travailler presque normalement », raconte Mamadou Koné, à la tête d’une coopérative à Duékoué, une des zones où les violences ont pourtant été les plus fortes.
Mais les combats ont surtout fait rage en mars, quand la grande récolte (octobre-avril) était presque achevée.
MÉTÉO IDÉALE
La nette hausse de la production s’explique avant tout par les conditions météorologiques excellentes. « L’idéal pour le cacao, c’est un bon équilibre entre un temps chaud et humide, ce qui a été le cas l’été dernier pendant la saison des pluies », explique un météorologiste d’Abidjan.
Et d’ajouter : « Il n’y a pas eu trop d’eau : les cabosses ont pu arriver à maturité sans souffrir de maladies qui se développent quand il pleut abondamment. » L’harmattan, un vent sec qui descend du Sahara en décembre-janvier vers le sud de l’Afrique de l’Ouest, a par ailleurs été très modéré.
Des facteurs qui expliquent aussi la très bonne récolte que connaît le Ghana pour cette même saison.
Les prix relativement élevés du cacao au cours des dernières années ont enfin permis aux fermiers de mieux entretenir leurs plantations. « Il y a eu plus d’investissements, une utilisation plus importante d’engrais, et les arbres ont bien répondu à ces traitements », explique l’exportateur.
Amakou Boi et Mamadou Koné ont ainsi augmenté leurs productions respectives de 200 et 300 tonnes.
MANQUE DE MAIN-D’OEUVRE
Reste que les effets de la crise politique pourraient tout de même se faire sentir lors de la prochaine saison qui débute le 1er octobre prochain. De nombreux étrangers de la sous-région – notamment des Burkinabés et des Maliens – qui fournissent une partie importante de la main-d’œuvre dans les champs de cacao ont dû fuir par peur de représailles.
« Le risque, c’est le manque d’hommes pour la grande récolte qui commence dans quelques semaines », redoute l’exportateur. Des cabosses pourraient bien rester sur les arbres… »
Olivier Monnier, à Abidjan pour La Croix
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