La Gambie désapprouve la CEDEAO|Crise ivoirienne

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 30 décembre 2010 18 h 23 min

Banjul, Gambie – Le gouvernement gambien a critiqué la décision de la  CEDEAO de faire usage de la force, si nécessaire, pour bouter Laurent Gbagbo hors de Côte d’Ivoire, selon le Dr  Njogu Bah, Secrétaire général et directeur de la Fonction publique gambienne.

‘Nous réaffirmons plutôt notre engagement à participer pleinement aux initiatives pacifiques, à tous les niveaux, destinées à trouver une solution pacifique à la crise en Côte d’Ivoire’, a déclaré M. Bah.

Cette déclaration du gouvernement gambien réagit au récent sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO à Abuja (Nigeria), sur la crise politique actuelle en Côte d’Ivoire et qui a décidé de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’usage de la force militaire, pour obliger M. Gbagbo à céder le pouvoir politique.

D’après les services de la radio et télévision gambiennes, le gouvernement gambien n’a pas approuvé l’usage de la force ou le recours à la violence ‘pour résoudre ce contentieux électoral’, estimant que ceci constituerait ‘une ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat membre et donc illégal au regard des chartes de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA).

Le Dr Bah a indiqué que cette décision gambienne a été communiquée au corps diplomatique en Gambie, aux représentants des organisations internationales et au public.

Selon lui, ‘le gouvernement gambien a de sérieuses réserves en ce qui concerne l’usage de la force et il s’y oppose, étant donné les conséquences apparemment désastreuses qui pourraient découler d’une telle initiative’.

Il a soutenu que la CEDEAO n’avait pas de mandat légal pour intervenir militairement et renverser M. Gbagbo, précisant que la CEDEAO, avant de revendiquer toute autorité morale sur la situation ivoirienne, devait répondre à certaines questions, à savoir: ‘Pourquoi la CEDEAO n’était-elle  pas intervenue, lorsque les rebelles avaient envahi la Côte d’Ivoire en 2003 ?

« Ce qui, selon M. Bah, a conduit à la guerre civile qui avait tué des milliers d’innocents. Ce sont ces mêmes rebelles qui prétendent être sortis victorieux d’une élection dont les résultats ont été entérinés par une Cour constitutionnelle », argumente le directeur de la Fonction publique gambienne.

Selon le Dr Bah, ‘dans toute l’Afrique francophone, les cours constitutionnelles ont la décision finale en cas de litige électoral et dans le cas de la Côte d’Ivoire, cette cour a tranché et la CEDEAO n’accepte pas cette décision à cause des pressions de certaines puissances occidentales dont l’intérêt personnel pour les ressources naturelles de la Côte d’Ivoire ne sont un secret pour personne’.

‘Nous nous rappelons qu’aux Etats-Unis d’Amérique un contentieux électoral a été résolu par la Cour suprême et que tout le monde l’avait accepté. Pourquoi la CEDEAO et la communauté internationale ne peuvent pas accepter la décision de la Cour constitutionnelle de Côte d’Ivoire’ ? , interroge également M. Bah.

Il a ajouté que la Guinée-Bissau avait été le théâtre d’une série de coups d’Etat et d’assassinats dans un passé récent et que la CEDEAO n’était jamais intervenue pour mettre fin au carnage et à l’impunité dans ce pays.

Il a également demandé à l’organisation régionale: ‘Pourquoi la CEDEAO n’était pas intervenue en Guinée Conakry pour mettre fin au gouvernement criminel du capitaine Moussa Dadis Camara qui avait fini par massacrer beaucoup de gens, dont des femmes et des enfants innocents? Pourquoi a-t-il fallu tant de temps à la CEDEAO pour intervenir en Sierra Leone, après avoir laissé des milliers d’innocents se faire massacrer, mutiler et violer?’

Pour le Dr Bah, l’organisation régionale, créée pour assurer la prospérité économique des populations d’Afrique de l’Ouest, ne devait se laisser transformer en une machine de guerre, s’embarquant dans des aventures militaires au nom d’intérêts étrangers, ‘au détriment de l’Afrique en général et de l’Afrique de l’Ouest en particulier’.

‘Les pays africains devraient être vigilants face à ces puissances néocolonialistes dont le seul souci est de mettre en place des régimes fantoches dans les pays riches en ressources naturelles, afin de continuer à les piller, au vu et au su de tout le monde », accuse Dr Bah qui estime qu’il « est grand temps que les puissances étrangères respectent l’indépendance et la souveraineté des pays africains.

« Il faut également qu’elles mettent fin à leur ingérence dans nos processus électoraux internes, édicte Dr Bah qui appelle les Africains à mettre fin à cette dictature des puissances néocolonialistes et racistes qui décident, à notre place, qui doit diriger les pays africains’.

Il a par ailleurs souligné que les Ivoiriens devaient être conscients que s’ils ‘optaient pour la guerre, ce seraient leurs propres enfants qui seraient tués et cela pour une poignée d’individus uniquement intéressés par le pouvoir à tout prix et à qui importe peu le prix terrible à payer pour les citoyens de la Côte d’Ivoire’.

Il a invité la CEDEAO à privilégier la voie du dialogue, afin d’éviter un bain de sang et la reprise éventuelle de la guerre civile en Côte d’Ivoire, avec les conséquences qui pourraient en découler pour la stabilité de la sous-région ouest-africaine.

‘En tant que partisan de la paix à travers le monde et considérant que la résolution pacifique de toute crise est la seule solution bénéfique pour l’humanité, la position de la Gambie sur la crise politique actuelle en Côte d’Ivoire est que seul le dialogue entre les Ivoiriens et les membres bien intentionnés de la communauté internationale pourra déboucher sur une solution dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de la sous-région’, a-t-il affirmé.

‘C’est, par conséquent, au nom du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats souverains, contenu dans la Charte de la CEDEAO, que nous avons invité la CEDEAO à amener les deux parties à la table des négociations plutôt qu’à prendre partie dans une affaire que seul le peuple ivoirien, en utilisant les dispositions de leur Constitution, peut résoudre pacifiquement’, a-t-il conclu.

Pana 30 décembre 2010

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