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ME KOURREYSSI BA, AVOCAT AU BARREAU DE DAKAR PARLE DE GBAGBO

Laurent Gbagbo

Bonjour, Maître, on ne vous entend plus trop, ces derniers temps sur le terrain de la politique africaine. Pourquoi ?
Tant que le gang des 200 de Bruno Koné s’active, à quoi bon s’égosiller ? Laissons-les occuper les barricades, notre énergie pourra être opportunément redéployée ailleurs.
Comment vous avez vécu la première partie du procès de Gbagbo ?
Avec beaucoup d’amertume. Et de fureur rentrée. Ces gens-là, ils se moquent de qui ? Ca, c’est un procès ?
Quel est le regard du juriste que vous êtes sur cette première partie ?
Je suis généralement les audiences au palais de justice, en compagnie de confrères et de magistrats, entre deux pauses. Si je me fie aux réactions de ces praticiens du droit formés à la même école, c’est un sentiment de déception qui prévaut. Les accusateurs sont si nuls, les juges si mal à l’aise que tout le monde réagit de la même façon. L’expression qui revient le plus est : tout ça pour ça ! Et le débat sur la confirmation des charges revient sans cesse avec la question rituelle, inévitable, sur la nature-même et l’utilité de ce que l’on ose à peine appeler une juridiction. Les bras en tombent, ce qui n’est pas pour déplaire, car la conclusion unanime est que ces gens-là ne sont finalement que des politiciens déguisés en juges chargés de conduire un innocent à la potence.

Que pensez-vous des témoins à charge qui se sont succédé à la Cpi ?
Ah oui, il y a eu des témoins à charge ? J’ai juste vu des comédiens, piètres et maladroits d’ailleurs. A ce point que l’on se demande très souvent si l’on n’est toujours pas dans le domaine onirique, si c’est vraiment ça la Cour Pénale Internationale.

Que pensez-vous des ex-cadres pro-Gbagbo qui ont été cooptés par l’Accusation pour témoigner contre Gbagbo ?
Ils ne font qu’exhiber à la face du monde, la laideur de leur condition si navrante d’hommes dégénérés. Je les plains, mais je plains encore plus Gbagbo pour son angélisme en matière de management des ressources humaines. Comment a-t-il pu laisser de tels individus une seule journée dans son entourage ? Prions pour eux, c’est le moins que l’on puisse faire.

Comment trouvez-vous le fait que la représentante des victimes demande qu’on n’appelle plus Gbagbo « Président » au procès ?
Celle-là méritait une bonne correction ! Il aurait fallu séance tenante, lui faire ravaler son caquet afin de lui faire regretter pour le restant de ses jours, une telle effronterie. Vous vous rendez compte ? Manquer de respect de cette manière à un Chef d’Etat, parce qu’on estime qu’il est en position de faiblesse ! Pour une fois, je n’ai pas apprécié le flegme tout britannique de mes confrères. Il est vrai que chacun réagit selon sa sensibilité… C’est le lieu de réitérer que je ne regrette pas mon absence à cette mascarade. Cette brebis a eu de la chance, décidément ! Je ne sais pas si vous souvenez du tout premier violent incident qui m’avait opposé en 1992, à la présidente du tribunal lors du procès du Président Gbagbo, quand la juge avait exigé que le député Mollé Mollé se séparât de son écharpe tricolore qu’il avait tenu à arborer à la barre comme au moment de son arrestation lors de la marche du 18 Février. Eh bien je m’y étais opposé avec détermination. Aucun juge n’a le pouvoir de traiter ainsi une personne prévenue d’une infraction quelconque, encore moins un représentant du peuple.

Comment voyez-vous la suite de ce procès ?
Je ne la vois pas, justement. Cette comédie a trop duré et il est temps d’en siffler la fin.

Des informations en provenance de la Cpi révèlent souvent que ce procès est suivi de beaucoup de tractations souterraines. Comment vous vous expliquez cela ?
Tout à fait normal. Il se passe toujours des choses en coulisse, que les spectateurs ne sont pas tenus de savoir, comme au théâtre. Vivement que ces tractations aboutissent au seul compromis qui vaille : la fin de ce spectacle qui commence à être lassant à la longue.

Dans certains milieux africains et français, la question qui revient le plus est : « qu’est-ce que Gbagbo va dire quand il va parler ? ». Comment expliquez-vous que plus de cinq après sa déportation à la Cpi, Gbagbo soit toujours présent dans le débat politique africain ?
Parce qu’il s’agit de Laurent Gbagbo. C’est la juste consécration de son long combat. En prison ou au pouvoir, le nom Gbagbo s’est sédimenté. Il est donc normal que dans ce monde manquant cruellement de modèles, de repères et de mythes fondateurs tout à la fois, Gbagbo Laurent émerge enfin à la face de l’humanité, surtout que sa constance l’a conduit là où il se trouve.
Me, malgré tout ce qui se dit, Bensouda soutient toujours qu’elle a un dossier solide contre Gbagbo…
Celle-là n’a qu’à nous laisser tranquille ! Elle n’a rien du tout, et elle le sait mieux que quiconque. Les murs n’ont pas d’oreilles vous savez. Toutes ces gesticulations, ces fanfaronnades n’abusent plus personne. C’est juste du cinéma-spaghetti de série B ou des opérations de com destinées à la galerie.
Dans le même temps, elle raconte que la Cpi est une chance pour l’Afrique …
Là elle a raison. Je peux à la limite lui concéder cette évidence. C’est une chance inespérée pour certains supplétifs africains qui perçoivent des traitements dont ils n’ont jamais osé rêver.

Comment expliquez-vous cette sérénité qu’affiche toujours Gbagbo dans ce procès ?
Sauf votre respect, le président a toujours été un homme serein. Depuis que je le connais, je ne l’ai toujours vu que serein. Cette sérénité n’est pas de façade, loin s’en faut. Personnellement, en 28 ans de fréquentation, je ne l’ai jamais vu se départir de ce flegme qui fat sa force. Ce n’est pas donc une posture stratégique dans un procès, mais une attitude tout à fait naturelle chez un homme qui, il est vrai, est un stratège-né. Il faut le connaître pour savoir que la nature l’a doté d’un calme à toute épreuve. Ce n’est donc, cette mascarade de la Cpi avec les quelques impertinences d’accusateurs amateurs et de juges inexpérimentés qui va réussir à ébranler un tel homme. Gbagbo, le fils du sergent Koudou, on ne l’appelle pas le Woody pour rien. Et il en a vu d’autres !

A votre avis, pourquoi il y a autant de mobilisation autour de Gbagbo dans ce procès ?
Ce procès est plus qu’un évènement judiciaire. Il représente un grand moment dans l’histoire protéiforme des relations internationales qui est arrivée au point d’inflexion avec le réveil de la rue africaine. Et surtout le désir fortement affiché par les opprimés historiques de ne plus s’en laisser conter.

Comment expliquez-vous cette multitude de livres qui sont publiés sur l’affaire Gbagbo ?
En stratégie marketing, on dirait que c’est un produit qui se vend bien ! L’économiste, pour sa part, serait en droit d’en inférer qu’il existe une forte demande que toute entreprise à l’écoute du marché serait avisée de satisfaire.

Et pourtant, certains le présentent comme un islamophobe, anti-français …
Eh bien, on peut les excuser de leur ignorance. Ces poncifs sont éculés il y a bien longtemps, d’où le débat est dépassé, il n’est plus d’actualité.

En Côte d’Ivoire, au sein du régime, des voix se lèvent pour dire aujourd’hui que Ouattara a eu tort d’envoyer Gbagbo à la Cpi …
C’est lui faire trop d’honneur. Le seul tort de Ouattara est d’être un agent patenté de la France. Il faut être vraiment naïf pour penser et dire cela. C’est Sarkozy qui a pris la décision. Lui-même n’a pas eu d’état d’âme pour s’empresser d’exécuter les ordres. Comme le ferait un garde-chiourme obéissant sans murmures à la direction de l’administration pénitentiaire. Un point un tiret. Il faut arrêter avec ça et cesser de donner une once d’importance à un vassal installé pour servir les intérêts que tout le monde sait.

Dans le même temps, il dit qu’il n’enverra plus d’Ivoirien à la Cpi …
C’était tout simplement une façon maladroite de démontrer son désir ou sa volonté de donner ses chances au projet de réconciliation, pas autre chose.
Etes-vous d’avis qu’il y a une « justice des vainqueurs », comme beaucoup le disent, en Côte d’Ivoire ?
Eux-mêmes le reconnaissent, alors où est le problème ? Et puis c’est dans l’ordre normal des choses. Malheur au vaincu !

Comment jugez-vous la gestion de Ouattara, cinq ans après ?
C’est aux Ivoiriens d’en juger. A entendre leurs gémissements de douleur, j’imagine aisément à quel point la gestion de Ouattara les a écrabouillés. Il est d’ailleurs significatif que c’est de plus en plus lui-même qui monte publiquement au créneau pour se défausser sur ses ministres pour plaider son innocence et cacher sa tragique incompétence.
Pensez-vous que la Côte d’Ivoire sera un pays émergent en 2020, comme Ouattara le dit lui-même ?
Je vous invite à la réserve ainsi qu’à la prudence avant de répercuter ces slogans creux et dangereusement vides. Prions pour que ce pays soit d’abord debout en 2020, sans qu’il ne soit nécessaire d’utiliser des détergents pour le rendre présentable. Et afin que cet agent français a priori inapte à rendre émergents les intérêts de Paris quitte le gouvernail sans plus de dégâts.

Comment expliquez-vous toutes ces affaires qui s’abattent sur Soro ?
Ah Soro ! C’est juste le temps de la moisson qui s’annonce.

D’aucuns racontent que le régime pourrait en profiter pour le neutraliser …
Le régime serait bien avisé de ne pas le louper. Sinon lui et ses hommes ne rateront pas leur cible ! De toutes les manières ils laveront leur linge très sale en famille, un jour ou l’autre. Ce n’est plus très loin.

Que pensez-vous de l’exil de Compaoré en Côte d’Ivoire ?
Dégoût et colère, c’est tout ce que je ressens en face de cet individu.

Il est désormais « Ivoirien », partagez-vous l’idée du nouveau président Burkinabé qui trouve cela « indigne » ?
Franchement, commenter un non-évènement comme celui-là me révulse au plus haut point. Ce type d’individu a un don particulier pour faire reculer les limites naturelles de l’honneur et de la dignité. Alors, vraiment, no comment…

INTERVIEW REALISEE PAR GUEHI BRENCE il Le Temps du lundi 9 mai 2016

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