*Dr. Emmanuel Tano ZAGBLA, Vous êtes Universitaire Ivoirien en Italie et depuis 2002 vous n’avez cessé de contribuer aux débats sur la crise ivoirienne. Que pensez-vous des imminentes élections présidentielles dans votre pays?
ETZ: je vous remercie pour l’attention que vous portez à mon égard. Je suis très heureux que finalement nous allons aux élections. Ainsi, on espère la fin de la crise qui a secoué les Ivoiriens et toute la sous région ouest africaine. N’oublions pas que beaucoup de frères et sœurs Africains étaient, ensemble avec les Ivoiriens, des victimes de cette sale guerre dont nous attendons l’origine.
IVOIRDIASPO: selon vous qui gagnera ces élections?
ETZ: Je dois être sincère; en tenant compte de toutes les ramifications de cette crise, on ne peut pas considérer les échéances du 31 Octobre comme des élections présidentielles normales. Il s’agit en premier de rétablir le droit vis-à-vis d’un pays signataire d’accord de défense et de sécurité avec une puissance étrangère, en l’occurrence la France. Les accords de coopération militaire prévoyaient l’assistance immédiate de la France en cas d’agression extérieure. Là les accords ont été violés par la contrepartie. Le deuxième point a souligner, c’est l’interprétation “douteuse” de la crise ivoirienne. L’on pensait à une guerre ivoiro-ivoirienne; avec la crise de Novembre 2004, tout s’est dessiné selon la vision que j’ai du droit international. Les Nations Unies devraient intervenir autrement. C’est la Cour internationale de Justice de la Haye qui devrait s’occuper du cas Ivoirien, car il s’agit
d’une interprétation litigieuse d’un accord de coopération. Et la coopération bilatérale entre deux Etats indépendants, contrairement à ce qu’on croit, est pertinente de la juridiction internationale. Les amalgames et autres actions ont fini par noyer la vraie dimension de la crise. Revenant donc à votre question, je crois qu’il faut tout simplement donner la possibilité au Président sortant de résoudre les questions bilatérales à travers sa reconduction à la tête de l’Etat.
IVOIRDIASPO: En un mot, vous demandez aux Ivoiriens de voter Laurent Gbagbo?
ETZ: Il faut en finir avec l’hypocrisie! De ma longue permanence en Europe, j’ai fait du respect du droit et de la légalité le chemin de ma vie. En voulant par force maintenir un équilibre vis-à-vis des candidats, je participe directement à la violation du droit international dans mon pays, en me nourrissant également du concept cher à certains africains: l’accession au pouvoir par la force des armes! Lorsque l’Iraq avait envahi le Koweït, le droit international a été dit! On ne peut pas faire de l’amalgame dans les relations internationales. Quiconque connait la Charte de l’ONU sait très bien que la situation du Koweït alors, est égale à celle de la Côte d’Ivoire. Ou alors y a –t-il une interprétation africaine du Droit International? Ainsi, que pourrait-il se passer en cas de défaite de Laurent Gbagbo? Une imitation de ce qu’il a vécu? Nous sommes au 21 siècle, on a élu un Africain sur le toit du monde. Le droit international doit se rapporter à un équilibre réel, garant de l’ordre et la sécurité dans le monde. Le Président Gbagbo doit être rétabli dans ses droits.
IVOIRDIASPO: Docteur, à travers vos écrits, vous lancez sans cesse l’appel à la réconciliation. Votre souhait serait la rencontre des candidats après les élections, n’est-ce pas?:
ETZ: Effectivement! Nous devons ensemble penser aux victimes de la guerre. Elles ne sont pas que des bétés! Il y a des koulangos, Attiè, Sénoufos, Adjoukrous, Agnis, Baoulés. Chaque ethnie du pays a eu ses victimes, sans compter nos frères africains, immigrés dans notre pays à la recherche d’un bien-être que leurs pays ne garantissaient pas. Comme membre de la Diaspora ivoirienne, je ne pourrai jamais oublier les sacrifices de ces frères et soeurs. Après la victoire de Gbagbo, nous allons mettre sur pied des instruments pour défendre les droits des immigrés dans notre pays.
IVOIRDIASPO: Votre appel aux Ivoiriens:
ETZ: Je souhaite que chacun prenne conscience de l’importance des prochaines élections. Mon souhait le plus profond, c’est de voir retourner en nous le sens inné de la solidarité. Toute l’Afrique nous regarde. Quel que soit le gagnant, nous allons défendre avec toutes nos forces la dignité et la liberté d’expressions conquises avec sacrifices du sang des Ivoiriens sous la Présidence d’un homme courageux comme Laurent Gbagbo.
Interview réalisée en ligne par Daniel Atteby
*Le Docteur Emmanuel T. ZAGBLA, Ph.D, Relations Internationales est un universitaire Ivoirien vivant en Italie
