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DJ Luciano (Président des DJ) : “Il y a trois sortes de DJ en Côte d’Ivoire”

Dj-Luciano
Dj Luciano

A l’état civil, il s’appelle Guéhi Boné Lucien. Mais tout le monde le (re)connaît sous le sobriquet de DJ Luciano. Depuis 2004 après la sortie de son seul album «Prudencia», DJ Luciano reste muet. Quelles en sont les raisons ? Que devient-il ? Comment se porte l’association des DJ de Côte d’Ivoire (Adjaci) qu’il dirige ?

Avec du recul, comment expliquez-vous le semi-échec de votre unique album « Prudencia » sorti en 2004 ?
L’album avait quand-même eu un petit succès mais je n’ai pas poussé la promotion.

Pour quelles raisons ?
Il y a eu un malentendu avec mon coproducteur car nous étions en partenariat sur le produit. Il y a eu quelques légèretés que je ne pouvais pas supporter. C’est comme cela que la promotion a finalement été annulée.

Pourquoi restez-vous silencieux depuis lors ?
Je suis plus actif que vous ne le croyez… C’est vrai que je bavarde moins mais je travaille beaucoup. Avec mon âge aujourd’hui, je conseille beaucoup mes cadets. Il est bon de savoir que le mouvement DJ n’est pas uniquement musical.

Que voulez-vous dire ?
Il est vrai que le mouvement est fait par les discs-jockeys mais n’oubliez pas qu’il y a du monde dans les cabines. Ceux-là sont plus nombreux. Nous partons des cabines pour devenir des chanteurs.

Exemple…
Eriksson le Zulu, par exemple, était chanteur avant de devenir DJ. Il a continué d’être chanteur mais l’image du DJ lui a donné un plus.

Comment ?
Eriksson le Zulu a joué sur des appareils. Il a connu une autre musique et s’est impliqué dans le métier de DJ. Aujourd’hui, il continue d’être le DJ du « Must ». Même avec son programme d’artiste, il n’a pas quitté les cabines. C’est un exemple à encourager.

Existe-t-il des catégories de DJ ?
Oui. Il y en a trois.

Lesquels ?
Il y a le DJ des bars, celui des boîtes de nuit et celui des maquis.

Quelles différences ?
L’animation de maquis exige plus de puissance de sonorisation avec le souci de faire le maximum de bruit. Dans les boîtes de nuit, la musique est moins forte car il y a un souci de sélection. Le DJ des bars est un peu la jonction entre les deux autres. Il reçoit des clients sélectifs.

Combien de DJ revendiquez-vous en Côte d’Ivoire ?
6.000. Et c’est un chiffre qui n’est pas important.

Ah bon ?
Il suffit d’évaluer les espaces de joie. Prenez par exemple Yopougon. Combien d’espaces où l’on joue la musique ? Combien de DJ y officient ? Il y a des cabines où on retrouve quatre à cinq DJ. Le chiffre 6.000 reste le nombre de DJ que nous avons pu recenser. Si l’on veut vraiment recenser tous les DJ de Côte d’Ivoire, nous atteindrons le chiffre de 15.000.

Depuis combien d’années dirigez-vous ce mouvement ?
Depuis 2002. En 2007, mon mandat a été renouvelé.

l Quelles sont les actions que vous avez déjà menées ?
Nous avons mené beaucoup d’actions. Nous avons été les premiers artistes de Côte d’Ivoire à faire un don de sang pendant la crise. Nous avons été les tout premiers à sensibiliser la population contre le SIDA. Nous étions à la base de l’émission DJ Mix atalaku en partenariat avec la RTI. Nous avons fait le premier concours d’atalaku de Côte d’Ivoire avec la société Nestlé. Pendant trois ans, Solibra nous a accompagnés dans les concours de DJ. Il y a eu aussi le premier atalaku avec la firme Orange où DJ Lewis s’est révélé. Konty DJ s’est fait connaître grâce à DJ Mix atalaku. Il y a eu le Festival DJ. Je n’oublie pas l’album sorti en 2005 et intitulé « tous les DJ pour la paix ». Nous avons été les premiers à donner une autre tournure à la musique ivoirienne.

N’est-ce pas prétentieux de dire cela ?
Non. Les gens ignoraient les sons des DJ dans ce pays. Nous avons révolutionné la musique ivoirienne. Avec la complicité de grands arrangeurs, les DJ ont sorti des sons merveilleux. Aujourd’hui, la musique ivoirienne est bien connue et surtout très aimée. Nous l’avons imposée. Partout. Nous fabriquons des stars dans les cabines. Grâce à nos albums, les Ivoiriens ont moins senti la crise. Cela mérite respect et considération.

Beaucoup de personnes estiment que les DJ font beaucoup de bruit…
Oui. Ce n’est malheureusement pas n’importe quel bruit. Quand l’on me dit que les DJ ne chantent pas, cela me fait rire. Je me demande qui mérite d’être appelé chanteur…

l Qui est chanteur pour vous ?
Pour ce que je sais, le chanteur n’est pas celui qui a une belle voix. Le bon chanteur est dans la gamme. Sinon, Jacob Devarieux de Kassav n’aurait jamais chanté. Petit Yodé, par exemple, n’a pas une belle voix mais, il sait chanter. Il y a des gens qui ont de belles voix mais qui ne savent pas chanter.

Quels sont les chanteurs ivoiriens que vous admirez ?
Petit Yodé, Pat Sako et Soum Bill. Ceux-là sont de bons chanteurs zouglou. Dans le contexte DJ aussi, il y a de bons chanteurs. Certains artistes confirmés font du live. Vous ne me direz pas que DJ Mix ou Maréchal DJ ou Eriksson le Zulu ne chantent pas. C’est cet ensemble de variétés qui fait la force du DJ. Et puis les bruits que nous faisons, sont des mélodies. Sur la place, ce sont les meilleurs arrangeurs aussi qui nous assistent. Nous sommes partis de David Tayorault à Freddy Assogba en passant par Koudou Athanase. Aujourd’hui, ce sont Champi Kilo, Beby Philippe. Ce sont les mêmes arrangeurs qui épaulent nos grands artistes. Tout cela signifie que notre musique n’est pas mauvaise.

Croyez-vous que la musique produite par les DJ peut perdurer ?
Vous aviez donné six mois en 2003 pour nous voir disparaître. Mais, il y a sept ans que nous sommes là. Toujours en tête. Pourquoi nous avons un impact sur la jeunesse ? Simplement parce que le coupé-décalé a apporté une nouvelle manière de voir les choses. Qui n’aime pas s’amuser. C’est en amusant la jeunesse que nous la sensibilisons. Il y a un âge où on s’amuse. Il y a aussi un âge où on ne s’amuse plus. Laissez la jeunesse s’amuser… Elle constitue 70°/° de la population. On fait comment ? Il paraît que DJ Arafat n’est pas un chanteur mais il a rempli le Palais de la culture, il y a quelques jours. Je m’arrête là.

A quels genres de problèmes êtes-vous confrontés ?
Notre association n’est pas très forte parce que nous manquons de moyens. Les gens ne nous aident pas. Nous n’avons jamais été honorés alors que tout le monde sait ce que nous apportons comme ambiance. Nous sommes toujours relégués au second plan. Quelques rares personnes nous soutiennent.

Entretien réalisé par Guy-Florentin Yaméogo (Nord-Sud)

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