Défis post-électoraux : LES URGENCES ECONOMIQUES, FINANCIERES ET BUDGETAIRES DE L’EQUIPE D’AKE N’GBO

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 9 décembre 2010 21 h 15 min

Forte tension de trésorerie en cette fin d’année 2010. Difficile bouclage de l’exécution budgétaire 2010 ; budget qui s’équilibrait en recettes et en dépenses à 2481 milliards de Fcfa dont 1884,7 milliards émanant des recettes fiscales. Question d’élaboration et de bouclage du budget 2011.

Voici les premières épreuves urgentes du gouvernement du Professeur Aké N’Gbo dont les membres ont commencé, depuis hier, à se saisir des dossiers ministériels, à se soumettre à la procédure de passation de service. Dossiers parmi lesquels la poursuite satisfaisante de la mise en œuvre du programme économique et financier conclu avec le Fmi et du processus Ppte (Initiative en faveur des pays pauvres très endettés) ; la réhabilitation des infrastructures socioéconomiques ; l’instauration des conditions de création d’emploi pour résorber progressivement les quelques 4 millions de chômeurs figurent  en bonne place.

Ces questions meublent, à souhait, bien des discussions entre amis, collègues de service ou voisins de quartier. Ce qui traduit bien évidemment les préoccupations des uns et des autres, et amènent certains à se demander si l’Etat pourra payer les salaires à la fin de ce mois de décembre ? Non pas qu’ils ignorent la capacité de l’Etat ivoirien en la matière- puisque depuis les évènements du 19 septembre 2002 à ce jour, les fonctionnaires et agents de l’Etat, de même que les salariés du secteur privé n’ont connu aucun retard dans le paiement de leur salaire -, mais c’est parce que la situation actuelle les trouble.

Et ils ne sont pas les seuls, puisque les opérateurs du secteur privé ont tiré, mardi, par la voix de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), la sonnette d’alarme. « Le blocage politique étouffe l’économie nationale. La situation économique et financière commence déjà à être difficile et elle risque de s’aggraver si la situation perdure au-delà du 15 décembre » a déclaré Jean Kacou Diagou, son président, lors de la conférence de presse qu’il a animée.

Morosité économique

En fait, les performances des régies financières que sont les Impôts, les Douanes et le Trésor public sont rudement  mises à l’épreuve dans cette période de morosité économique provoquée par les deux tours de l’élection présidentielle et le contentieux électoral qui a suivi. Parce que les commerces, trafics portuaires, aéroportuaires et maritimes qui sont « des mamelles nourricières » de ces régies n’ont pas vraiment marché au cours de ce dernier trimestre de l’année. Or, les recettes fiscales et parafiscales (entre  autres le droit unique de sortie ou Dus) et douanières, ainsi que des bons du trésor ou emprunts obligataires émis ont contribué, chaque année, à donner du volume au budget de l’Etat et surtout mobiliser effectivement – et parfois beaucoup plus- les ressources budgétaires projetées. Il convient de rappeler que les recettes fiscales 2010 étaient projetées à 951,6 milliards et celles des douanes à 925 milliards de Fcfa, et 95,5 milliards provenant des autres ressources intérieures.

Concernant les bons du Trésor (une sorte d’appel public à l’épargne), ils se sont, au cours des dernières années, arrachés sur le marché financier national et sous-régional, permettant ainsi à l’Etat de mobiliser les ressources financières dont il a besoin pour faire face à ses obligations régaliennes telles que le paiement des salaires, les investissements publics, et même le paiement des fournisseurs de la puissance publique par le système de titrisation des créances. Et le succès d’un tel système repose essentiellement sur la confiance en l’émetteur, la visibilité qu’ont les souscripteurs de l’avenir et l’assurance d’être remboursés au terme de l’échéance. Pour le Premier ministre Aké N’Gbo et son gouvernement, et plus particulièrement pour les tous nouveaux ministres de l’Economie et des Finances, et délégué chargé du Budget, le défi, ici, consiste à convaincre les principaux souscripteurs que les banques et établissements financiers de la Côte d’Ivoire et de la sous-région à garder leur même confiance dans la qualité de la signature de l’Etat de Côte d’Ivoire.

Bouclage rapide du budget

Par ailleurs, le gouvernement doit rassurer le bouclage rapide du budget 2011 en vue de donner une bonne visibilité aux partenaires. Il doit également rassurer que les salaires et autres soldes seront payés effectivement en décembre. Car pour de nombreux analystes, la  prudence doit être ici de mise. Celle-ci s’appuie sur plusieurs facteurs. En fait, le pays vient de perdre quasiment deux mois de recettes publiques. Depuis la période électorale, les activités économiques tournent au ralenti. Il en résulte une perte de recettes fiscales pour l’Etat : volume de taxes sur la valeur ajoutée (Tva) forcément en baisse, impôts sur les bénéfices industriels et commerciaux qui vont, eux aussi, décliner, sans oublier les vignettes automobiles. Par ailleurs, les services douaniers tournant au ralenti du fait du climat de blocage politique qui contraint à une position d’attentiste des opérateurs économiques faisant de l’import-export, les recettes douanières pourraient ne pas atteindre finalement l’objectif de 1000 milliards de Fcfa que la Direction générale des douanes annonçait, il y a cinq mois, lors de son séminaire bilan semestriel de l’année 2010.

Qu’en est-il du Trésor? Les bons (du trésor) émis par cette régie financière que se disputaient les banques et établissements financiers connaîtront-ils ce même succès dans cette situation délétère? Pas si évident parce qu’il y a une sorte de désinvestissement des opérateurs du secteur financier qui se veulent prudents pour le moment. L’équation n’est pas simple pour la Côte d’Ivoire. Et avec elle, pour les Ivoiriens dans leur ensemble. C’est d’ailleurs pourquoi, tout juste après la passation des charges, hier, entre le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, Désiré Dallo, et le directeur de cabinet du ministre sortant, Emmanuel Ahoutou Koffi, toute l’équipe de ce ministère s’est mise immédiatement au travail. Pour trouver des solutions idoines aux problématiques susmentionnées. Pour s’attaquer aux questions brûlantes de l’heure: mobiliser les ressources nécessaires au paiement des salaires de décembre des fonctionnaires  et agents de l’Etat, y compris ceux des collectivités décentralisées.

Autre challenge du nouveau gouvernement à court terme, le maintien du dialogue et surtout de bonnes relations avec les  décideurs de la communauté financière  (Banque mondiale, Fmi, Bad) et l’ensemble des créanciers souverains (Club de Paris) et commerciaux (Club de Londres). Pour que ceux-ci maintiennent leurs engagements pris vis-à-vis de la Côte d’Ivoire lors des négociations ardues qui ont abouti déjà à l’annulation partielle (plus de 700 milliards de Fcfa) de la dette publique extérieure. En fait, le nouveau gouvernement devra œuvrer à l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative Ppte censée amener à l’abandon par les créanciers de la quasi-totalité de la dette extérieure (plus de 6500 milliards de Fcfa). Ce qui équivaudrait au renoncement à environ 500 milliards de Fcfa par an de remboursement; une somme que l’Etat pourra utiliser souverainement pour investir dans des infrastructures socioéconomiques susceptibles de contribuer à la réduction de la pauvreté en Côte d’Ivoire.

Les axes dorsaux

ivoiriens de l'étranger [1]

Déjà, aux dernières assemblées de la Banque mondiale et du Fmi qui se sont tenues du 5 au 10 octobre dernier, à Washington, les responsables des deux institutions n’avaient pas manqué de souligner clairement que tout autre octroi de leurs appuis budgétaires seraient, dorénavant, conditionné à la bonne visibilité de la gouvernance post-élection présidentielle. Mais surtout à la volonté affichée par le gouvernement qui en sera issu de s’inscrire résolument dans les sillons de la gouvernance économique qui leur a arraché satisfecit, conclusion du programme économique et financier en mars 2009 et point de décision de l’Initiative Ppte. Le nouveau gouvernement a d’ailleurs affiché, dès sa formation, cet engagement fort. Le Premier ministre Aké N’Gbo, n’a-t-il pas déclaré tout juste après la formation de son gouvernement que «la gestion, la bonne gouvernance et l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative Ppte constitueront des axes dorsaux de son équipe?»

L’ensemble des questions évoquées sont importantes pour l’avenir du pays et exigent que la Côte d’Ivoire rentre en elle-même pour trouver des solutions idoines à ses contradictions actuelles; pour éviter que la pauvreté qui s’est déjà aggravée (48,94% d’Ivoiriens devenus pauvres) ne s’accentue davantage avec des fermetures d’entreprises et donc des licenciements, faute d’activité et de sécurité. Pour éviter que ce climat délétère n’accentue la flambée incontrôlable des prix des denrées sur les marchés et l’assèchement des finances publiques.

Gooré Bi Hué (Fratmat)

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Endnotes:
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