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DÉCLARATION DU COLLECTIF DES CADRES DE GAGNOA RELATIVE AU DISCOURS DU PORTE-PAROLE DES CHEFS TRADITIONNELS BHETE DE GAGNOA

DÉCLARATION DU COLLECTIF DES CADRES DE GAGNOA

LES FAITS
Le 28 septembre 2015, le département de Gagnoa a accueilli Monsieur Alassane Ouattara dans le cadre des visites d’État qu’il a entreprises depuis quelques mois à l’intérieur du pays. Dans son allocution au cours de la séance de travail avec le Chef de l’État, Monsieur Gadji Dagbo Joseph, parlant au nom du Conseil des Chefs de village (C.V.G.) du département, a fait la déclaration dont l’extrait suivant :

« Vous avez devant vous, Monsieur le président de la République, les parents de tous ceux qui, originaires de Gagnoa, ont de près ou de loin, par action ou par omission, semé la désolation, la peine, la souffrance dans notre pays au cours de la triste période qui est désormais derrière nous. Nous nous prosternons devant vous. Mais, surtout devant la République. Devant la nation, tout entière et tous ceux qui aiment notre pays, la communauté internationale. Monsieur le Président de la République, nous demandons pardon à la nation, aux Ivoiriens… Un de nos fils a dirigé la Côte d’Ivoire. A l’arrivée, les choses ne se sont pas passées comme nous aurions désiré pour lui. Le canari que le peuple lui a confié s’est cassé, brisant la multitude de bonheur qu’il espérait. Les pères que nous sommes, collectivement assumons la responsabilité des torts causés par les enfants de Gagnoa à la nation. Ici, en pays bété, le père n’exige rien devant la cause du fils qu’il ménage… » (in Fraternité-matin n° 15241 du mardi 29 septembre 2015 page 6).

NOTRE ANALYSE
Cette déclaration revêt plusieurs enjeux que l’on peut situer au niveau historique, social et politique.

Au niveau historique

La déclaration de Monsieur Gadji Dagbo Joseph se situe dans une tradition d’instrumentalisation de l’ethnicité par le pouvoir politique depuis l’ère du parti unique. La diabolisation du peuple Bhété en général, et du peuple Bhété de Gagnoa en particulier, a toujours été à la fois le moyen et le résultat de cette instrumentalisation à laquelle, sans discernement aucun, certains fils de Gagnoa se sont livrés au préjudice de leurs propres frères et sœurs. Il suffit d’en rappeler quelques manifestations :
1963-1964 : lors des « faux complots d’Houphouët-Boigny », une campagne de délation active, à défaut de déclarations publiques, avait méthodiquement œuvré à sacrifier des dignes fils et filles du département, les sacrifiant à l’autel de la consolidation d’un régime fébrile et en déficit de confiance en lui-même ;
1982-1983 : Cette phase concernait déjà directement Laurent Gbagbo, alors enseignant à l’université d’Abidjan. En effet, suite à une grève déclenchée par le SYNARES alors dirigé par Pierre Kipré, pour protester contre l’interdiction des causeries-débats que devaient animer Zadi Zaourou et Laurent Gbagbo, agissant en leur nom propre et en qualité d’universitaires, l’Etat-Pdci avait publiquement accusé tous les intellectuels bhété de vouloir déstabiliser le régime d’Houphouët-Boigny. Le régime orchestra un acte de contrition publique de tous les Hauts Cadres et Dignitaires de l’armée, originaires de toutes les régions bhété. Au terme de cet acte, le peuple Bhété était invité à renier son fils, Laurent Gbagbo, vilipendé et objet d’ostracisme ;
2013 : à l’occasion de la visite de Monsieur Alassane Ouattara à Gagnoa pour l’inauguration d’un centre hospitalier construit sous la présidence de Laurent Gbagbo, d’abord, celle de Monsieur Soro Guillaume en 2013, ensuite pour saluer ses beaux-parents, les tentatives d’auto flagellation et de culpabilisation du peuple Bhété en général, avaient échoué devant la vigilance et la réaction prompte et appropriée du Collectif des cadres. La déclaration de Monsieur Gadji Dagbo Joseph lors de la récente visite d’État de Monsieur Alassane Ouattara dans le département de Gagnoa, est donc l’aboutissement, au forceps, d’une longue entreprise d’aveux planifiée à des fins et avec des conséquences qui ne peuvent être passées sous silence.

Au niveau social

En demandant « pardon à la Nation, aux Ivoiriens » au nom des « parents de tous ceux qui, originaires de Gagnoa, ont de près ou de loin, par action ou par omission, semé la désolation, la peine, la souffrance dans notre pays », Monsieur Gadji Dagbo Joseph revendique publiquement et solennellement la responsabilité de graves évènements qui ont fait de la Côte d’Ivoire un pays supplicié, et des Bhété un peuple martyr présenté par le sieur Gadji Joseph comme le bourreau des Ivoiriens. Cet anathème gratuit et injuste vise à créer chez les Bhété de Gagnoa, le « syndrome » du bourreau amnésique contraint au repentir et à développer dans l’opinion nationale et internationale, vis-à-vis du Bhété, un complexe du bourreau collectif.
Par ailleurs, d’un strict point de vue culturel, la métaphore du « canari cassé » non seulement n’existe pas dans le patrimoine linguistique des représentations du « bonheur » en pays Bhété, mais encore, reste absolument sans objet dans les mécanismes traditionnels de formation et d’éducation de l’Homme à la citoyenneté, et surtout contextuellement, c’est-à-dire dans les circonstances de son emploi. Dans ce marché des civilités, le devoir des Chefs de village, donc de leur Représentant, était de donner les nouvelles du terroir au Chef de l’État, en décrivant le vécu quotidien des populations ; en exprimant leurs attentes ou, plus globalement, en formulant des doléances au titre du développement de la région. En lieu et place, Monsieur Gadji Joseph a préféré ajouter le ridicule à l’offense au peuple Bhété en soutenant qu’ « Ici, en pays Bhété, le père n’exige rien devant la cause du fils qu’il ménage… » Mais que peut objectivement exiger quelqu’un qui demande pardon, dès lors qu’il n’est pas en position de force ? Cela est contraire à toute logique de raisonnement, à toutes nos traditions de façon générale, à toute morale humaine. Il n’empêche, la déclaration du porte parole des Chefs traditionnels revêt un enjeu politique qui ne peut échapper à personne.

Au niveau politique

Le procès du président Laurent Gbagbo est annoncé pour le 10 novembre prochain. Face à l’imminence d’un tel événement, le régime Ouattara, auteur de la déportation du président Laurent Gbagbo à La Haye que la libération de son prisonnier ne peut agréer, fait agiter à dessein, l’éventail de la prétendue menace que représenterait un Laurent Gbagbo rendu à la liberté. En servant la rhétorique de la culpabilité dans la tragédie ivoirienne avec Laurent Gbagbo comme seul vrai responsable par la voix du porte parole des Chefs traditionnels du département de Gagnoa, le régime veut faire croire que même les parents du président Laurent Gbagbo partagent cette analyse et, demandant pardon pour ce qu’il aurait fait, le désavouent publiquement. De la sorte, le président Laurent Gbagbo apparaîtra comme un homme isolé, désavoué chez lui, par ses propres parents. Il s’agit donc d’un message indirect à la communauté internationale dans la logique de la diabolisation afin de tenter d’influencer l’issue du procès à venir.

Position du collectif

– Le Collectif des cadres de Gagnoa, après analyse de cette déclaration infamante de Monsieur Gadji Dago Joseph :
– Se félicite avant tout, de ce que les Ivoiriens dans leur ensemble et les observateurs avisés ont su faire eux-mêmes la part des choses, à l’exception des journaux proches du pouvoir, se rendant compte qu’il s’agissait bien d’une forfaiture ;
– Rappelle que le peuple Bhété qui joue sa partition dans la construction de la nation sait que le pardon se nourrit de franchise, de vérité et de justice. Le président Laurent Gbagbo a compris très tôt l’exigence de la paix et de la cohésion sociale par la démocratie dans un pays composé de plusieurs groupes ethniques.
– Condamne avec fermeté la déclaration de Monsieur Gadji Dagbo Joseph ;
– Ne se reconnaît pas dans l’aveu de culpabilité du peuple Bhété en général, du président Laurent Gbagbo en particulier dans la tragédie ivoirienne ;
– Réaffirme son soutien au Président Laurent Gbagbo dans son combat pour la Côte d’Ivoire et l’Afrique ;
– Se prépare à son retour sous peu parmi nous, comme les Ivoiriens dans leur ensemble, pour contribuer de façon décisive à la réconciliation nationale et à la paix, en Côte d’Ivoire et en Afrique.

Pour le Collectif des Cadres de Gagnoa,
Le Vice-président

GNAHORE Jean-Baptiste
Commandeur de l’Ordre National

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