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CPI: Témoin, t’es moins faux qu’un vrai proc : c’est pis – Par Shlomit Abel

cour pénale internationale

«Vous allez entendre des chercheurs, des cinéastes. Vous allez entendre des témoins de l’entourage immédiat des accusés, notamment des hommes politiques, des membres des Fds, des membres des jeunes pro-Gbagbo, des milices et des groupes de mercenaires ».

Non ce n’est pas le discours inaugural d’un festival du cinéma, d’un gala de bienfaisance. C’est notre procureure gambienne qui dévoilait, lors de la reprise du procès à la Haye, la diversité des 138 témoins à charge attendus à la barre. Nous en aurons eu quatre, en « perpétuel danger de mort », avec leur voix totalement déformée, au point que l’on ne distingue pas un homme d’une femme. Mesure de protection supplémentaire : ils pourront s’exprimer en dioula, un interprète se chargeant de traduire leurs propos. Mille précautions donc, visant à préserver l’anonymat des témoins : mille précautions plus que suffisantes, mais virant manifestement au superflu lorsque certains, de dioula, se mettent, – ô miracle – à parler français, alors qu’ils sont censés ignorer la langue des troubadours et des fous du roi de France !

Témoignages, contre-interrogatoires, le temps s’étire, l’écoute s’avère fastidieuse… Et là, coup de théâtre, les membres de la Cour sont invités à ramasser leurs cartables deux jours plus tôt que prévu, non pour cause de défection de tel ou tel juriste, mais parce qu’il n’y a plus rien à tirer de ces témoins, selon maître Altit. La défense de Blé Goudé a même préféré s’abstenir de se fatiguer à les fatiguer davantage, en renonçant à les interroger plus avant.

Nous savions déjà que les dossiers d’inscription des victimes voulant témoigner à la Haye se retiraient au siège du RDR; mieux, que les dossiers étaient remplis avec l’aide d’assistants-sociaux un peu particuliers, ayant en réalité pour tâche de « peaufiner » le témoignage en fonction du but recherché : noircir le Président Gbagbo par tous les moyens, fût-ce au prix de scénarios peu crédibles et mal ficelés. Selon un ami, ces témoins auraient été recrutés pour la plupart dans le quartier Wassakara, un nom qui ne m’a pas frappée lors de la période de la dite crise post-électorale.

Au départ, les travailleurs sociaux étaient français, leur cabinet se trouvant à l’ambassade de France. Quoi de plus normal que de vérifier si les personnes candidates à l’obtention de ce précieux visa-sésame pour la France de Hollande et la Hollande de la CPI, étaient des personnes dignes de foi : celle qui consiste à être doté de l’aplomb nécessaire à enfoncer LG ! Par la suite, c’est le siège du RDR, via le téléphone dioula, qui est devenu une sorte de « pôle-emploi » spécialisé pour l’étranger, une agence de recrutement provisoire pour intérimaires disposés à convoler en justes émigrations. Les témoins qui ont eu la chance d’arriver à La Haye avant la reprise du procès, après avoir goûté aux joies des musées et canaux hollandais, ont appelé leurs proches à Paris, lesquels leur ont conseillé de voir plus grand – la mère patrie de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ! –, et de ne viser désormais rien moins que le Louvre, et les bateaux mouche sur la Seine! Et ceux qui avaient entendu parler du conseiller franco-bété de Ouattara avec rang de ministre, Ser(e)y-Eiffel, ont bien entendu tenu à voir l’ouvrage de son aïeul !

De gratuit au départ, pour quelques élus dorlotés par la France, les élus du RDR ont imaginé un témoignage/permis de sortie payant – qu’est-ce que 1,5 million de francs CFA quand un visa normal peut coûter, au bas mot, entre 2 et 4 millions pour un séjour prolongé à l’étranger ! – « Officiellement, tu témoignes; officieusement, tu te fais la malle! » C’est la consigne que les faux travailleurs sociaux-fonctionnaires véreux ont vendue à leur clientèle RDR, certifiant même aux candidats à l’immigration qu’ils avaient la bénédiction de la CPI ! Aux dires de certains, on a même pu voir des agents de l’Onuci apporter leur concours au fonctionnement de cette filière de (faux)-témoins, perpétuant quant à eux la lignée des braconniers chercheurs d’ivoire ou de bois précieux, des soldats braqueurs d’agences de la BCAO. Ici, leur mission consistait à favoriser la candidature de non Ivoiriens : Maliens, Guinéens Burkinabés, étrangers comme eux, et de prouver que ces étrangers naturalisés aux vies multiples – vie passée dans un pays de la sous-région, vie présente en Côte d’Ivoire –, peuvent sereinement envisager leur troisième vie à venir en Europe, grâce à leurs noms et prénoms à consonances « nordiques ».

Déjà, lors de l’ouverture du procès, quelques témoins avaient disparu dans la nature. Partis plus tôt en « permission », juste pour embrasser la famille, ils n’ont pas pu s’arracher à de si douces retrouvailles ! Fatou Ben Souda aurait bien aimé un réaménagement du temps de passage de ses protégés restant, le temps de retrouver les premiers, mais le juge austro-italien avait dit niet. Le premier lot servi – quatre témoins – a été surveillé de près, afin que, malgré la proximité de la mer, nos témoins restent sourds à l’appel du large, et s’abstiennent d’aller grossir le nombre des témoins déjà en cavale. Après leur prestation, et leur supplice devant les questions du contre interrogatoire, ce voyage, qui devait être l’aventure de leur vie, s’est terminé à l’aéroport, direction Abidjan, encadré par la police. Brandissant leur contrat de séjour signé avec les cadres RDR, ils ont dû déchanter et comprendre qu’une fois de plus la parole d’un RDR ne vaut de loin pas la parole d’un scout ! Que vont-ils faire, une fois rentrés au pays ? Certaines oreilles indiscrètes qui ont pu entendre l’avis de la belle sœur du voisin de l’oncle de l’un de ces témoins aigris affirmer qu’ils ne vont pas se gêner et déballer sur la place publique et dans les médias la manière dont le RDR les a grugés ! Ceux qui sont encore en liberté, auraient menacé de témoigner pour Gbagbo si on voulait leur réserver le même sort que celui des rapatriés de force.

Il semblerait en bref que la CPI, avec son appareil à couper les têtes de dirigeants africains encombrants, soit prise au piège de sa façon trop carrée d’analyser la situation. Comment concilier bâton et carotte dans cette affaire de témoin ? Comment maintenir la crédibilité d’une cour occidentale visiblement aux prises avec les subtilités de la culture dioula et la corruption endémique prévalant aujourd’hui en Côte d’Ivoire ? Notre gambienne, spécialiste du droit maritime, ne risque pas de trouver dans ses livres et corrigés de cours la solution à ces problèmes. Maître Altit, quant à lui, viendrait aussi d’entrer en résistance, en refusant d’abandonner le titre de Président conféré de droit à SEM Laurent Gbagbo. Voilà l’honneur du juge mis à mal, mais ne fallait-il pas s’y attendre ? A force de déclarer noir ce qui est blanc et vice-versa, comment cette Cour n’en viendrait-elle pas à perdre tous ses repères ?

Merci donc aux témoins – corrompus, certes – mais pas au point d’endosser une fois de plus le rôle de dindons d’une farce françafricaine à bout de souffle. Merci à l’équipe de la défense, qui, en dépit de son impuissance à faire prévaloir le droit du faible innocent sur la loi du plus fort – ce Moloch insatiable dévoreur de justice –, ridiculise brillamment la « cour », et en balaye soigneusement les dernières traces de fausse dignité.

Shlomit Abel, le 24 février 2016

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