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Côte-d’Ivoire : L’échec d’une révolution de velours ?

L’issue de la crise socio politique post électorale à l’ivoirienne est l’une des plus incertaines. En pratique, le président sortant, Laurent Koudou Gbagbo, sorti vainqueur de la présidentielle conformément aux résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel de Côte-d’Ivoire, seul juge du contentieux électoral, est accusé par son challenger de vouloir s’éterniser au pouvoir. Pourquoi donc ? Parce que ce dernier, Alassane Dramane Ouattara pour ne pas le citer, avec le soutien de la quasi-totalité de la communauté internationale et se basant sur les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante, la CEI, se proclame légitime président élu de Côte-d’Ivoire. Une situation d’ « Un pays, deux présidents », qui est la conséquence directe d’une volonté manifeste de la communauté internationale de mettre la Côte-d’Ivoire sous la tutelle du système onusien. Au nom des intérêts géostratégiques inavoués…

La Côte-d’Ivoire, disons que c’est d’abord plus de 20 millions d’habitants. Ensuite, elle représente 40% de la richesse de l’espace UEMOA. En outre, c’est un pays qui peut construire son développement en dehors du « Consensus de Washington ». Autrement dit, sans le parapluie de l’aide au développement. Enfin, un détail important, jusqu’en 2000, cette première économie ouest africaine était sous le bouclier sécuritaire de l’ancienne puissance coloniale, qui n’est rien d’autre que la France. Ce pays tranquille et jouissant d’une certaine prospérité, va basculer dans l’incertitude après le décès de son premier président, Félix Houphouët Boigny, en 1994. Il a eu guerre de succession entre Henri Konan Bédié, constitutionnellement admis à prendre le pouvoir et Alassane Dramane Ouattara, pour qui devenir président était tout à fait légitime. En cela qu’il peut se targuer d’avoir relevé l’économie ivoirienne qui donnait des signes évidents d’essoufflement… vers la fin des années 80.

Finalement, Henri Konan Bédié prendra le pouvoir, avec le soutien appuyé de la France et utilisera le concept de l’ivoiritépour écarter un adversaire gênant à la présidentielle de 2005.

Alassane Dramane Ouattara ne digérera jamais cet échec. On se rappelle cette phrase devenue tristement célèbre : « Je frapperai ce pouvoir moribond au bon moment et il tombera comme un fruit mûr ! » Il sera accusé plus tard, d’être instigateur du coup d’Etat militaire, qui a porté le général Robert Guéï au pouvoir. Mais l’officier supérieur va remettre sur le tapis la question de l’ivoirité pour l’écarter de la présidentielle de 2000, pour « défaut de nationalité ». Son adversaire le plus farouche de l’époque, Henri Konan Bédié, sera également écarté, pour « défaut de certificat médical ». « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ».

Au finish, Laurent Koudou Gbagbo, dribble le général et lui arrache le pouvoir par la voie des urnes. Suivront la tentative de remise en cause de cette élection par les autres acteurs politiques ivoiriens, le déclenchement de la rébellion dans le Nord du pays en 2002 et les événements de 2004, avec la destruction de la flotte aérienne de l’armée ivoirienne et l’encerclement du Palais présidentiel par la force française « Licorne ».

Beaucoup d’événements qui ont secoué le régime Gbagbo sans le faire plier. Après plusieurs tentatives de médiation, c’est finalement la classe politique ivoirienne elle-même, avec la médiation du président burkinabé Blaise Compaoré, qui arrivera à conclure un Accord politique de retour à la normale à Ouagadougou, au Burkina-Faso, en 2007.

La présidentielle, rejetée à maintes reprises depuis 2005, du fait de la guerre, sera finalement organisée le 31 octobre 2010. Déjà, des voix se sont levées pour dénoncer des fraudes massives, notamment dans certaines régions du Nord. Le second tour du 28 novembre va mettre à nu les tares d’un processus biaisé. La Commission électorale indépendante, fortement dominée par l’opposition ivoirienne n’arrivera pas à s’entendre pour offrir des résultats « consensuels ». Le président de cette institution, Youssouf Bakayoko, se donnera le droit d’aller proclamer seul des résultats sujets à caution, au siège de campagne de l’opposant Alassane Dramane Ouattara, qu’il déclare président.

Le Conseil constitutionnel, seul juge du contentieux électoral, après examen des recours déposés par le camp présidentiel, proclame Laurent Koudou Gbagbo président. Le Représentant spécial du Secrétaire des Nations unies, Choi Young-Jin, prend fait et cause pour le candidat Ouattara et « certifie » les résultats provisoires proclamés par la CEI. La crise socio politique ivoirienne s’envenime. Et la révélation pour l’opinion publique : Les rebelles du Nord n’ont jamais été désarmés, alors qu’il est dit que « Sans désarmement, pas d’élection. ». La question qui se pose donc est de savoir à qui incombe la responsabilité de cette farce ?

D’entrée de jeu, quoi qu’on dise, le président Laurent Koudou Gbagbo a donné la preuve de sa bonne foi. Conformément à l’Accord politique de Ouagadougou, il a signé le décret qui fait de son adversaire, Alassane Dramane Ouattara, candidat à la présidentielle. Il a aussi accepté de se mettre ensemble avec Guillaume Soro, un Premier ministre issu de la rébellion. La faute « originelle » de la communauté internationale et qui la rend suspecte, c’est d’avoir fait pression pour que s’organise des élections dans un pays militairement occupé.

Une faute aggravée par une partialité évidente, en ce qui concerne la fameuse certification des résultats sortis des urnes. Certifier des résultats revient-il à se substituer aux institutions de la République ? Bien sûr que non ! En agissant ainsi, les Nations unies n’ont laissé planer aucun doute sur le fait qu’en Côte-d’Ivoire, elles étaient à la fois juge et partie. Elles n’ont donc investi plus de 200 milliards de francs CFA dans cette élection que pour voir élire un président désigné d’avance. Pour quelle raison ? Sans nul doute, pour continuer à piller impunément, avec un président sous tutelle, les nombreuses ressources de la Côte-d’Ivoire.

Il n’y a pas d’autres voies pour éviter l’embrasement de la Côte-d’Ivoire et la déstabilisation de la sous région ouest africaine que le dialogue. Une intervention militaire, pour imposer un président contre les institutions républicaines et la moitié du peuple ivoirien, sera la pire des solutions. Car, au-delà de l’élection présidentielle, les Ivoiriens ont tellement de choses à se pardonner qu’il ne faut pas en rajouter. De toutes les façons, ce qui se passe en Côte-d’Ivoire est un cas d’école. Si cette révolution de velours débouche sur le départ de Laurent Koudou Gbagbo, aucun président d’un pays disposant de ressources minières, ne pourra relever la tête face aux puissances occidentales. En cas d’échec de cette expérience de vassalisation de l’Afrique par l’axe Bruxelles-Washington, il faut s’attendre à ce que de plus en plus d’Etats Africains résistent aux pressions et aux diktat occidentaux.

Une contribution de Femi  B. Oyeniyi

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