L’actualité nationale et internationale est parfois tellement mouvante qu’on en vient même à ne plus se souvenir de ce qui faisait hier la une des journaux. Dans cette société de communication, un événement est à peine né qu’il est déjà chassé par un autre. Et notre esprit est tourmenté ne sachant plus quoi retenir.
Et pourtant, il est des événements qui marquent forcément durablement l’existence d’un homme et qui restent durablement gravés dans sa mémoire. Il en est ainsi des images de l’arrestation du président Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Ce jour, j’ai versé des larmes venues du plus profond de moi-même. C’est comme si le ciel me tombait sur la tête.
Il en est ainsi également de la nouvelle de l’arrestation au Ghana et l’extradition en Côte d’Ivoire le 17 janvier 2013, de Charles Blé Goudé, l’idole de toute une jeunesse. Ce jour-là, je n’ai pas versé de larmes. J’ai plutôt terriblement eu peur pour sa vie. Finalement, je me suis dit oh, c’est un combattant et il finira par s’en sortir. Mais ce qui m’a le plus attristé, c’est le débat sur les conditions de son arrestation et de son extradition. Que de médisance !
« Dans les milieux ivoiriens, proches de l’ancien régime ou du régime actuel, des supputations vont bon train, et chacun va à ses suppositions et explications. Certains Ivoiriens et Ivoiriennes, proches de Gbagbo ou même proches de Ouattara, affirment que la livraison, illico presto, de Blé Goudé est l’aboutissement d’un deal entre l’intéressé et le régime Ouattara. Il s’agirait, disent-ils, d’une sorte d’auto-extraction», rapporte , un journal en ligne animé à cette époque-là par des exilés politiques au Ghana et au Togo.
Un jeune Patriote bien connu, Touré Moussa Zéguen, pour ne pas le citer, depuis son exil ghanéen a allumé la mèche avec un article au vitriol sur facebook où il prétend connaitre dans le moindre détail les termes du deal. Des journalistes de renom, jouant les experts en enquêtes, ont même affirmé que les autorités ghanéennes leur ont dit que Blé a été ramené à Abidjan parce qu’il avait émis le vœu de rentrer dans son pays.
En Côte d’Ivoire de façon générale et à Abidjan tout particulièrement, c’était la foire aux accusations et aux condamnations sans appel et sans procès : Blé a trahi, Blé a fait un deal et patati et patata…
Donc, Charles Blé Goudé qui a offert sa jeunesse en sacrifice, abandonné ses études en Angleterre pour venir galvaniser les foules, a pris une sanction des nations unies pour une cause nationale, était subitement devenu un traitre parce quelques jaloux l’ont voulu ?
Et qu’ont-ils dit ces gens qui continuent de se la couler douce quand Charles Blé Goudé a été transféré à La Haye ? Ils ont rapidement retourné leurs vestes, se faisant désormais passer pour ses meilleurs amis et les défenseurs les plus zélés. Oh honte ! Comme dirait Simone Gbagbo.
Mais au fait pourquoi, dans le camp Gbagbo, notre camp, a-t-on l’accusation si facile ? Pourquoi sacrifions-nous les nôtres aussi aisément et sans remords? Pourquoi voyons-nous partout et à tous les coins de rue, des traitres? Pourquoi jouons-nous contre les nôtres l’amour pour notre nation et notre leader ? Hier c’était Charles Blé Goudé le traitre. Aujourd’hui, c’est Affi N’Guessan, Marcel Gossio, Voho Sahi…qui sont cloués au pilori. Demain, ce sera qui ?
« Au Fpi, il y a des gens qui ont bâti leur carrière politique sur le mensonge et le dénigrement des autres », affirmait récemment Charles Blé Blé, l’ancien maire de Saïoua dans une interview à Notre Voie. Jugement sévère certainement, mais sûrement pas dénué de tout sens.
Et très souvent, ce sont les plus valeureux qui sont ainsi la cible des méchancetés. Au moment où nous nous rendrons compte que nous sommes en train de décimer notre propre famille, ce sera déjà trop tard. Malheureusement!
Par Augustin kouyo
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